Pris de folie, il ignore puis blesse un policier
Convoqué devant le tribunal correctionnel, le prévenu est absent à l’audience. En écoutant ce qui lui est reproché, un refus d’obtempérer, on apprend son interpellation le 31 juillet dernier après une coursepoursuite avec des policiers. Repéré par un agent en deux-roues, vers 16 h 15, avec son téléphone au volant d’un utilitaire sur l’avenue Princesse-Alice, ce retraité ignorait délibérément les sommations de s’arrêter. Le fonctionnaire essayait à nouveau de le coincer au niveau du carrefour de la Madone. Mais le conducteur ignorait toujours les avertissements et s’enfuyait par le boulevard Princesse-Charlotte.
« Je l’ai envoyé ch... »
Au feu rouge, il avait bien conscience de l’injonction formelle de stopper son véhicule. Mais il ne changeait d’avis pour autant. Il défiait par surcroît le motard de la Sûreté publique. Dès le passage au vert, il démarrait en touchant le genou de l’agent sans le contusionner. Le fuyard poursuivait encore sa trajectoire jusqu’au giratoire du boulevard de Belgique où il était enfin intercepté, puis maîtrisé avec l’aide de collègues. Au moment de le menotter dans le dos, le septuagénaire récalcitrant était blessé.
« En garde à vue, précise le président Jérôme Fougeras en abordant le dossier, ce résident de Roquebrune-Cap-Martin a réfuté l’emploi de son portable pour téléphoner. Il consultait son smartphone uniquement pour vérifier l’heure. » Le magistrat rapportait d’autres éléments en relatant les propos tenus par le chauffard dans les locaux de la rue Suffren-Reymond. « Un policier m’a demandé de m’arrêter. Je l’ai envoyé ch... et j’ai continué ma route. J’avais parfaitement compris que j’étais visé en voyant qu’il me poursuivait. Je suis pourtant navré. Je ne voulais pas le blesser. Mais sachez que j’ai des périodes de folie. »
À la lecture du rapport d’expertise par le médecin consultant, « l’infraction reprochée est en relation avec un syndrome post-traumatique. Le patient est toutefois accessible à une sanction pénale. » Le premier substitut Cyrielle Colle, dans ses réquisitions, a raison d’insister sur des faits graves qui ont mis en danger les vies du prévenu et celles des policiers dans une circulation particulièrement dense. « Au niveau de l’acte de rébellion au cours de son interpellation, poursuit la parquetière, les agents ont fait preuve d’humanité face aux troubles du conducteur. Tenez compte de cette altération... »
Il est proposé une peine d’amende de 300 euros assortie du sursis. Pour le tribunal, l’infraction est clairement caractérisée et le prévenu est reconnu coupable. Mais il s’en tiendra aux recommandations du ministère public, avec une condamnation par défaut de 400 euros d’amende avec sursis et sans peine complémentaire.