Le couvre-feu à heures a-t-il encore un sens ?
Les gestes barrière tombent au fur et à mesure que les températures grimpent. Dans les AlpesMaritimes, où l’épidémie a quasi disparu, faut-il lever le couvre-feu de 23 h de manière anticipée ?
Ils n’en peuvent plus. Privés de soirées depuis le 23 octobre, puis de sorties avant tout le monde dès le 27 février, les Azuréens, notamment les plus jeunes, sont-ils en train de craquer ? Au point de mettre en péril tous les efforts consentis jusqu’ici ? Samedi soir à Grasse, dans un hangar de la zone industrielle, les forces de l’ordre ont mis fin à une soirée clandestine où étaient réunis nuitamment une centaine de jeunes gens sans masque ni distanciation sociale.
À Nice, des centaines de fêtards, rassemblés sur une plage, au-delà du couvrefeu, ont été dispersés par la police.
« Irresponsables »
Des comportements « irresponsables » qui « présentent un risque sanitaire et pourraient gâcher l’été de nos commerçants, restaurateurs et entreprises », a réagi le maire Christian Estrosi. À Paris, la police a mis fin à une fête géante regroupant plusieurs milliers de personnes aux Invalides. Mais loin d’inviter à lâcher du lest comme Valérie Pécresse, la présidente (LR) d’Île de France favorable à la fin du couvre-feu mais à plus d’intransigeance sur le protocole sanitaire, le maire de Nice a « interpellé le préfet pour que des effectifs
Le couvre-feu, qui doit prendre fin le juin, est de moins en moins respecté.
soient mobilisés pour empêcher ce type de rassemblements ».
Avec le retour du soleil et de la chaleur, la perspective des vacances et des grands rendez-vous populaires que sont l’Euro de football et la Fête de la musique, de nombreux Azuréens aimeraient la levée immédiate du couvre-feu, sans attendre le 30 juin. Avec un taux d’incidence de 21 (cas positifs pour 100 000 habitants sur sept jours glissants au 10 juin, selon les chiffres de gouvernement) et un taux de positivité de 0,8 %, la circulation du virus poursuit sa décrue dans les AlpesMaritimes. À cela s’ajoute une campagne de vaccination qui continue à gagner du terrain avec 532 273 personnes vaccinées au 12 juin. Dans ces conditions, le maintien du couvre-feu à 23 heures jusqu’au 30 juin dans notre département a-t-il un sens ? « Je n’en vois pas trop l’intérêt. Le plus important, ce ne sont pas les horaires, c’est la responsabilisation de chacun », insiste le Dr Sabrina Manni, infectiologue au centre hospitalier de Cannes (lire ci-dessous).
Fin du masque au juin ?
Le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, s’est montré optimiste, hier, sur une possible levée de l’obligation de port du masque en extérieur au 30 juin.
« Aucune décision n’a encore été prise, a ensuite tempéré le ministère de la Santé. Les experts scientifiques seront amenés à se prononcer au cours du mois de juin sur une évolution de cette règle. »
Les grands évènements en extérieur sontils source de clusters ?
Pour tenter de le vérifier, Covidtracker, outil permettant de suivre l’évolution de l’épidémie de Coronavirus, a analysé l’impact de trois rassemblements imprévus de grande ampleur de ces derniers mois : la rave-party de Lieuron (Bretagne) du décembre ( personnes réunies), le carnaval de Marseille du mars
( ), la victoire du Losc au championnat de France de football le mai à Lille. Manifestations au cours desquelles les gestes barrière ont été « oubliés ». Dans ces trois villes, les courbes du taux d’incidence et des hospitalisations suivent peu ou prou celle de France. Difficile donc de se prononcer avec certitude sur un quelconque impact. « Il n’y a pas eu de pic de dépistage à la suite de l’un de ces évènements. Il est donc possible que de nombreux cas positifs n’aient pas été identifiés clairement », relativise toutefois l’étude. Pour les rassemblements azuréens du week-end, réponse dans quelques jours...