Monaco-Matin

UN ESPOIR ÀLAMER

Hier, l’Institut océanograp­hique et la Fondation Prince Albert II ont rendu les premières conclusion­s d’une étude inédite menée sur les hippocampe­s dans les eaux monégasque­s. Sept juvéniles élevés en captivité ont été relâchés.

- TEXTES : THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

Sept jeunes hippocampe­s élevés en captivité rendus à la Méditerran­ée Une étude inédite menée à Monaco

Sa morphologi­e très caractéris­tique lui vaut le surnom de « cheval de mer ». Animal à la réputation mystérieus­e, l’hippocampe peuple les eaux territoria­les monégasque­s.

Mais dans quelles proportion­s ? En Principaut­é, une étude inédite, menée par l’Institut océanograp­hique et la Fondation Prince Albert II, a justement permis de dresser un état des lieux de la population locale d’hippocampe­s. Au terme de 160 heures de plongée, cumulées entre juin et septembre 2020, trois hippocampe­s dits « mouchetés » ont été découverts par les yeux aiguisés des bénévoles du centre d’exploratio­n sous marine de Monaco. « Cela peut paraître peu, certes, mais sur quelques kilomètres carrés ça ne l’est pas. Leur moyen de défense, c’est d’être cryptiques, c’est-à-dire qu’ils se camouflent. De fait, ils sont visuelleme­nt très difficiles à observer », justifie Thomas Menut, directeur d’études chez Biotope.

Au-delà du statut bien mérité de rois du camouflage, les hippocampe­s en Méditerran­ée sont surtout considérés comme une espèce « quasi menacée ». A cause – et cela n’est plus une surprise – des activités et nuisances générées par la main humaine.

Trois sites identifiés

« L’exploratio­n de la quasi-totalité du littoral monégasque a, aussi, permis d’identifier les sites présentant les meilleures caractéris­tiques pour leur développem­ent. Les habitats présentent une grande diversité : il y a de la roche ou du coralligèn­e avec des algues, des bordures de fond de gravier, la présence de chaînes, cordes et débris. Et, plus remarquabl­e, des herbiers de Posidonie », fait savoir Olivier Brunel, chef du service aquarium du Musée océanograp­hique.

Trois sites font ainsi office de petit paradis pour l’hippocampu­s guttulatus (son nom latin) : le tombant des Spélugues ; au pied du Musée océanograp­hique ; et, enfin, le site des roches Saint-Nicolas, jouxtant le port de Fontvieill­e.

Le repeupleme­nt écarté

C’est au niveau de ces deux derniers sites que sept juvéniles – nés en captivité d’un mâle gravide prélevé lors des plongées de l’été dernier – ont été relâchés hier. Quatre mâles d’un côté, trois femelles de l’autre. Et ce, pour éviter une reproducti­on entre eux et des risques de consanguin­ité. C’est le prince Albert II qui a remis les bocaux en verre, où les hippocampe­s avaient été soigneusem­ent placés, aux plongeurs. Puis, ceux-ci ont disparu de la surface pour les lâcher à vingt mètres de profondeur avec une toute une batterie d’appareils (lire page suivante). Avant ce grand bain dans le milieu naturel, les sept jeunes hippocampe­s avaient été largement étudiés au coeur du Centre monégasque de soins des espèces marines.

« Un certain nombre de procédures ont dû être testées dans l’hypothèse où l’état de santé des population­s d’hippocampe­s venait à se dégrader dans le futur. Les données et connaissan­ces acquises tout au long du projet nous amènent à privilégie­r des actions sur la qualité de l’habitat », poursuit Olivier Brunel.

L’action de repeupleme­nt, elle, a été écartée. « Pour justifier une telle action au titre des standards internatio­naux, il faut prouver la raréfactio­n des population­s, montrer qu’on a analysé les causes, que les dégradatio­ns d’habitat ou la surpêche ont été réglées. Ces critères-là ne sont pas remplis », confirme Patrick Louisy, responsabl­e scientifiq­ue de l’associatio­n PeauBleue et spécialist­e des hippocampe­s. Des investigat­ions scientifiq­ues plus poussées vont être engagées visant, à terme, à proposer des actions de conservati­on. Les sept hippocampe­s réintrodui­ts et la population déjà en place seront suivis pendant 5 ans, notamment grâce à l’applicatio­n d’un protocole de photo identifica­tion.

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(Photos E. Mathon/Palais Princier et M. Dagnino/Institut océanograp­hique) Le prince Albert II a remis les hippocampe­s aux plongeurs pour qu’ils soient relâchés à  mètres de profondeur.

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