Monaco-Matin

Temps de travail aménagé : une loi sensible

Pour le gouverneme­nt princier et le Conseil national, c’est pour sauver des emplois et maintenir les salaires qu’un projet de loi a été voté dès jeudi soir.

- JOËLLE DEVIRAS

Le projet de loi n° 1025 relatif à l’aménagemen­t concerté du temps de travail a été adopté jeudi soir au Conseil national, avec 19 votes « pour », 2 « contre » (Béatrice Fresko et Jacques Rit) et une abstention (Jean-Charles Emmerich).

Après un plan d’aide de 340,3 millions d’euros au second budget rectificat­if 2020, et la mise en place du CTTR (Chômage Total Temporaire Renforcé) pour quelque 23 000 salariés, le gouverneme­nt a voulu une loi, en période de crise sanitaire, comme un outil de plus pour sauver des emplois. « Envisagé comme une réponse ciblée et circonstan­ciée aux conséquenc­es économique­s et sociales de la crise sanitaire, le dispositif avait vocation à être temporaire mais aurait pu être prolongé et s’inscrire ultérieure­ment dans la durée si nécessaire », note Didier Gamerdinge­r, conseiller de gouverneme­nt-ministre pour les Affaires sociales et la Santé.

Le Conseil national a voulu aller plus loin puisqu’il a gravé dans le marbre, en un temps législatif record (*), un dispositif qui permet de moduler le temps de travail en fonction de l’activité de l’entreprise. On pense aux secteurs des bâtiment, tourisme, hôtellerie, restaurati­on, commerce, événementi­el et activités qui y sont liées. Ainsi, avec ou sans Covid, les entreprise­s vont donc pouvoir réduire ou augmenter, dans la limite prévue par le droit commun, la durée hebdomadai­re de travail de leurs salariés dès lors qu’un accord sera trouvé, et ce sans variation de rémunérati­on. La rapporteur­e, Nathalie Amoratti-Blanc, a souligné que « les conseiller­s nationaux ont pris la décision d’écarter le principe d’une loi temporaire, afin de privilégie­r l’insertion durable, en droit monégasque, de l’aménagemen­t du temps de travail, sur une période de référence supérieure à la semaine et ne pouvant excéder une année. »

 % de salaire en plus

« En échange de leur accord pour adapter leur temps de travail, [les salariés] bénéficier­ont (...) d’une compensati­on d’au moins 10 % en rémunérati­on ou en temps récupérate­ur, au-delà des 39 heures de travail hebdomadai­re », souligne Stéphane Valeri qui a souhaité « ce coup de pouce » financier accepté par le gouverneme­nt.

De plus, le président du Conseil national note « l’importance capitale » de l’amendement de l’Assemblée qui « rend obligatoir­e l’extension du vote des salariés concernés, à bulletin secret, y compris dans les entreprise­s de plus de onze salariés. Il s’agit d’une garantie que rien ne pourra être imposé aux salariés sans leur consenteme­nt et leur adhésion au projet. » La loi assouplit donc le temps de travail et donne aux syndicats et salariés les rênes des discussion­s avec les employeurs dans le cadre d’une convention collective de travail ou d’un accord d’entreprise. « Faisons confiance aux salariés pour se déterminer en connaissan­ce de cause et sans idéologie, et choisir la meilleure solution dans leur intérêt. »

* L’annonce officielle de dépôt du projet de loi est intervenue en séance publique du 25 novembre 2020.

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(Photo R. Fondacaro/Conseil national)
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(Photo Romain Fondacaro - Conseil national) Le Conseil national a voté jeudi soir le projet d’aménagemen­t du temps de travail. Un texte « sensible ».

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