Monaco-Matin

D’un bon mec

« J’ai du mal à croire à cette théorie de l’assassinat » « Son aura manque à l’espace médiatique aujourd’hui »

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Ce fait-divers qui a été repris dans la presse nationale, c’est sous la plume de Pascale Primi qu’il a pris forme dans Nice-Matin. Et à l’époque, notre ancienne consoeur ne se doutait pas qu’on lui reparlerai­t de cet épisode 35 ans plus tard. « Ce jour-là, nous avons été informés de l’accident à 17 heures, se souvient-elle. J’ai reçu un appel de l’AFP, pour laquelle j’étais correspond­ante. Au bout du fil, on me confirme que l’accident à Opio c’est Coluche et qu’il est décédé sur le coup. » Pascale Primi et un autre ancien journalist­e de Nice-Matin, Michel Pappalardo, sont arrivés sur place quelques minutes après l’évacuation du corps de l’humoriste.

Il prévoyait des révélation­s dans son prochain spectacle

Passé l’épisode du scandale de la photo, celle de Coluche prise à l’athanée et publiée en une du journal – « une photo pas moins digne que celle de Coluche, nu, avec une plume dans le cul et qui a rapporté beaucoup d’argent à son imprésario » –, Pascale Primi ne se doutait pas que le complotism­e allait s’abattre sur cette histoire funeste. Très vite, l’hypothèse de l’assassinat est sur toutes les lèvres. « À l’époque, on n’avait pas pensé qu’il y aurait autant d’agitation pour savoir s’il s’agissait réellement d’un accident ou pas. Ce qu’on sait, d’après le témoignage

Pour les trente ans de la disparitio­n de Coluche, Thierry Occelli, le maire d’Opio, avait demandé à l’artiste Kristian de réaliser une oeuvre en hommage à l’humoriste. Le « totem » de métal et de laiton trône aujourd’hui encore sur le rond-point à quelques mètres de là où le drame s’est noué, il y a 35 ans.

« Quand Thierry Occelli m’a proposé de réaliser cette sculpture, je ne voulais pas faire de représenta­tion physique mais plutôt son empreinte. J’ai eu l’idée de faire une salopette mais sans le corps à l’intérieur. Et d’inscrire cette mention : “C’est l’histoire d’un mec... qui continue”. Coluche a laissé sa marque dans le souvenir des Français et il faut continuer sans lui. Véronique Colucci avait décliné l’invitation à venir au dévoilemen­t de l’oeuvre car l’endroit était associé à un souvenir trop douloureux pour elle. Sans voir la sculpture, elle avait demandé qu’il n’y ait pas de représenta­tion physique de Coluche pour l’hommage. Sans se connaître, nous étions sur

Coluche a trouvé la mort sur une route départemen­tale de Opio quand sa moto, une Honda , est entrée en collision avec un camion.

des personnes à la station-service, c’est qu’il était à jeun, il ne roulait pas trop vite, il faisait jour, la visibilité était bonne, il roulait en groupe et est passé en tête de cortège, il a dû se retourner vers ses copains une fraction de seconde au moment où le camion amorçait sa manoeuvre… Sur place, j’ai vu le conducteur du camion, les gendarmes et les témoins. Pour moi, il s’agit bien d’un accident, un méchant concours de circonstan­ces. J’ai entendu beaucoup de théories, surtout

L’artiste Kristian devant son oeuvre-hommage à Opio.

la même longueur d’onde. Ça m’a beaucoup touché. »

■ Patrice Sidrac, directeur de la station de radio Kiss FM Patrice Sidrac, avant d’être patron de sa propre station, était réalisateu­r radio. C’est à la fin des années 70 qu’il rencontre Coluche. Il sera le réalisateu­r de sa nouvelle émission sur Radio Monte-Carlo. L’humoriste venait d’être évincé d’Europe 1 pour son ton jugé trop celle que ce serait le pouvoir en place à l’époque qui l’aurait assassiné. Ce qui l’alimente, c’est que Coluche avait dit qu’il ferait des grosses révélation­s dans son prochain spectacle. Encore une fois, j’ai du mal à croire à cette théorie de l’assassinat. On parle de gens avec des moyens. Si on veut tuer quelqu’un, il y a plus efficace que de placer un camion sur la route. Je suis peut-être naïve mais jusqu’à aujourd’hui personne n’a réussi à me convaincre. » (DR) provocateu­r. Mais, même sur le Rocher, il ne comptait pas s’arrêter là.

« J’ai vécu des grands moments de radio, se souvient Patrice Sidrac. C’est simple, quand il était là, la régie était pleine. C’était comme être au spectacle, on rigolait énormément. Il avait mis en place un jeu qui s’appelait le “Qui perd gagne”. Il posait une question à laquelle l’auditeur ne pouvait pas répondre et du coup il gagnait un cadeau nul, un camembert par exemple. Et il faisait un quitte ou double à chaque question. On a dû envoyer 250 camemberts [rires]. Il n’est resté que quelques semaines [Coluche a été viré de RMC pour propos déplacés, Ndlr], j’ai souvenir de quelqu’un de très courtois. Son aura manque à l’espace médiatique aujourd’hui. Je me demande s’il ferait les mêmes blagues aujourd’hui. Une chose est sûre, il aurait de la matière pour. »

Pour le premier magistrat du village, il était indispensa­ble de rendre hommage au personnage. « On n’a jamais voulu mettre ça de côté. On ne veut pas oublier Coluche. Quand nous organisons son hommage, nous le faisons avec le coeur. Chaque année, il y a plusieurs milliers de personnes, des gens viennent de partout pour se recueillir. J’espère pouvoir refaire une cérémonie d’hommage l’année prochaine et aussi longtemps que possible. »

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Kristian, artiste-sculpteur
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(Archive INA)
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Thierry Occelli, maire d’Opio

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