Monaco-Matin

Le mari de Delphine Jubillar mis en examen et écroué

Il est soupçonné d’avoir tué cette infirmière du Tarn, disparue il y a 6 mois. Le couple était en cours de séparation.

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Cédric Jubillar a été écroué hier, six mois après la disparitio­n de son épouse, Delphine Jubillar, 33 ans, une infirmière du Tarn et mère de leurs deux enfants.

Il a été mis en examen pour « homicide volontaire par conjoint et vient d’être placé sous mandat de dépôt. [...] Il conteste son implicatio­n dans cette affaire », a déclaré le procureur Dominique Alzeari. La « disparitio­n criminelle est privilégié­e » ,ilyaune « présomptio­n d’homicide » et les recherches de la mère de famille se poursuiven­t à «un haut niveau », a ajouté le magistrat, mettant l’accent sur un « contexte de séparation très conflictue­l » avec une violente dispute le soir du 15 décembre dont aurait été témoin leur fils de 6 ans.

« Brutal et agressif »

Le peintre-plaquiste de 34 ans avait « de très grandes difficulté­s, affectives et matérielle­s, à accepter cette séparation », selon M. Alzeari. Il a convenu être au courant que son épouse avait un «amant» , la surveillai­t, se montrait « intrusif » parfois « brutal et agressif », selon le magistrat.

Et Delphine Jubillar, « qui adorait son métier, qui adorait ses enfants, n’avait aucune raison de disparaîtr­e », a-t-il insisté, s’étonnant qu’elle puisse partir volontaire­ment « sans son chargeur de téléphone, sans son sac à main, sans ses lunettes, dont elle avait besoin, sans son véhicule ».

Mais « à ce stade du dossier, sans corps, sans connaître les origines d’un décès dont on ignore jusqu’à la réalité, retenir une intention homicide est ahurissant », a dénoncé JeanBaptis­te Alary, l’avocat de Cédric Jubillar.

« Ce sont les indices graves ou concordant­s qui conduisent à des mises en examen. Au niveau des indices, c’est assez pauvre. C’est juridiquem­ent incohérent. Le dernier scénario est une dispute qui a mal tourné, et quelques heures plus tard devant le juge on dit que c’est un meurtre aggravé. L’incohérenc­e est assez massive », a martelé Me Alary. Cédric Jubillar avait signalé aux gendarmes la disparitio­n de la mère de ses deux enfants de 2 et 6 ans dans la nuit du 15 au 16 décembre à Cagnac-les-Mines, près d’Albi. Le couple était en instance de divorce. Selon la version du mari, elle est sortie de la maison le 15 décembre vers 23 heures pour promener leurs deux chiens, vêtue d’une doudoune blanche et avec son téléphone portable. Les chiens seraient revenus à la maison sans elle.

Réveillé vers 4 heures par les pleurs de leur fille, Cédric Jubillar se serait alors rendu compte de l’absence de son épouse et aurait téléphoné à des amies de cette dernière, habitant le village, pensant qu’elle pouvait se trouver chez l’une d’elles. Il a ensuite appelé la police.

Lessive suspecte

À l’arrivée des gendarmes vers 4 h 50 du matin dans la maison, « dont l’entretien est extrêmemen­t négligé », Cédric Jubillar était en train de faire tourner une machine à laver, avec une couette à l’intérieur, celle dans laquelle dormait la mère de famille, s’est étonné le procureur. Le procureur a salué le travail des gendarmes de la Section de recherche de Toulouse qui ont mené « six mois d’enquête intense, des investigat­ions multiples et complexes ». Quelque 2 500 actes et procès-verbaux ont été établis depuis fin décembre et une quarantain­e d’expertises, selon M. Alzeari. Récemment, Cédric Jubillar s’était affiché sur son compte Facebook en compagnie de sa nouvelle compagne, ce qui avait fait bondir les proches de l’infirmière. Pour le procureur, il « a eu un deuil très rapide, il a parlé très vite de sa femme au passé ».

 ?? (Photo AFP) ?? Cédric Jubillar, samedi dernier à Albi, lors d’une marche en hommage à l’infirmière, organisée par les collègues de celle-ci.
(Photo AFP) Cédric Jubillar, samedi dernier à Albi, lors d’une marche en hommage à l’infirmière, organisée par les collègues de celle-ci.

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