Monaco-Matin

C’est l’arrivée du Tour

- d’ERIC NERI Rédacteur en chef edito@nicematin.fr

Samedi prochain, c’est l’arrivée du Tour. Il arrive sur nos petits écrans pour trois semaines comme un rayon de soleil dans nos vies. Comme une chanson déjantée d’Alain Bashung dans un hit-parade paresseux.

Après une échappée en septembre, l’année dernière, pour distancer le virus, il retrouve son cycle normal. Il trace la route aux premiers jours de l’été et sonne la cloche du dernier tour de piste pour l’année scolaire. Eh oui, c’est déjà l’été, après un hiver calfeutré et un printemps confisqué. Qu’on s’intéresse ou non aux performanc­es des « géants de la route » qui n’a pas jeté un oeil, au moins une fois, sur les images d’hélicoptèr­e ? La France vue du ciel.

Un pays apaisé, loin des tourments du quotidien, n’offrant que la beauté de ses paysages et mettant en sourdine ses querelles de clocher.

Au bord des routes, un public bigarré et bon enfant encourage indifférem­ment les champions et les autres, quelle que soit leur nationalit­é ou leur équipe. Le Tour, c’est aussi une chanson de geste des temps modernes, avec ses preux chevaliers sur leur monture en carbone guerroyant dans les plaines et les montagnes. La patine du temps a transformé en légende les faits d’armes ainsi que les drames. Les photos les ont figés à jamais. Comme celle du Cannois René Vietto, assis sur un muret et pleurant ses illusions perdues après avoir donné sa roue à son leader Antonin Magne dans la descente d’un col. Magne remportera ce Tour , Vietto ne gagnera jamais la Grande Boucle. Une stèle au sommet du col de Braus, dans les Alpes-Maritimes, rend hommage à l’enfant du pays, roi de la montagne.

Albert Londres, Antoine Blondin, le Niçois Louis Nucéra, Pierre Chany, Dino Buzzati (pour le Giro) sont autant de troubadour­s qui ont conté les grandeurs des forçats de la route mais aussi leurs misères. Dans la première moitié de l’autre siècle, des départs entre chien et loup pour des étapes interminab­les ; des cols, tout juste bons à conduire les vaches en estive, longs rubans caillouteu­x où les coureurs serraient les dents et mordaient la poussière. Et de tout temps, la « sorcière aux dents vertes », défaillanc­e qui envoie brutalemen­t en enfer et dans le tréfonds des classement­s même les plus valeureux ou le dopage, course éperdue à la performanc­e, qui frelate les exploits et jette la suspicion.

Héros des temps modernes, le coureur du Tour est aussi, comme nous, humain, trop humain…

« La “sorcière aux dents vertes” qui envoie en enfer même les plus valeureux. »

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