« J’ai essayé d’être une deuxième maman »

Sophie Kamoun, agent de Charlotte Bonnet et Fantine Lesaffre

Consultante pour BeIN Sports à l’occasion de ces championnats de France, Sophie Kamoun évoque les qualifications de Charlotte Bonnet et Fantine Lesaffre pour les Jeux, obtenues cette semaine sur  m NL et  m  nages. Agent de la Niçoise et de l’Antiboise, l’ancienne sprinteuse, riche de  titres de championne de France, raconte ce bonheur intense et revient sur la manière dont elle a accompagné les deux Azuréennes dans une année pleine de doutes.

Sophie, Charlotte et Fantine iront à Tokyo…

C’est un soulagement. Ce n’est évidemment pas mon projet, c’est le leur, mais je les accompagne toute l’année. La qualif’ olympique n’est jamais facile en termes de stress et d’émotions. Ça reste le souvenir le plus douloureux de ma carrière (elle s’était qualifiée en  mais avait échoué en individuel en  et , NDLR).

Les Jeux, c’est tellement différent de tout ce qu’on peut vivre par ailleurs. C’est le rêve d’une vie.

Le confinement et une certaine pression ont pesé sur leur moral, comment les avez-vous soutenues ?

Elles se sont senties très seules à certains moments l’année dernière, chez elles entre quatre murs. Je me suis mise à leur disposition. J’étais là quand elles avaient besoin de parler, d’avoir un conseil. J’ai passé des heures au téléphone avec l’une comme avec l’autre, le soir, le week-end. Je leur disais d’essayer de reprendre du plaisir quand il était parti à cause de toute cette pression. Elles ne devaient pas se tromper d’objectif. Ce n’était pas de briller en décembre mais aux Jeux. J’ai été la première à dire à Charlotte : ‘‘Tu as nagé trois fois ’’’ entre décembre et mars. Tu n’avais jamais été aussi régulière en dehors de l’année où tu as nagé ’’’ à l’Euro ()’’. La qualification olympique était devenue une obsession mais elle devait regarder cette régularité. Est-ce qu’elle s’était imposé une pression par sa communication

(elle avait annoncé vouloir réaliser les minima dès décembre) ? Elle a toujours été cash, avec l’envie d’être naturelle et de dire les choses. Il ne faut pas qu’elle change. D’ailleurs, on n’a pas travaillé sur ce point mais sur le mental. Il fallait qu’elle arrête de penser médaille, médaille et médaille olympique.

J’ai relayé les messages tenus par leur coach respectif (Fabrice Pellerin et Franck Esposito).

A titre personnel, comment avez-vous géré ?

Ça n’a pas toujours été facile pour moi. J’ai essayé d’être une deuxième maman, de trouver les mots. Je l’ai fait avec le coeur. Je n’étais plus l’agent, nos relations sont profondes.

Obtenir une médaille à Tokyo sera compliqué pour toutes les deux... Quel levier actionner pour qu’elles restent motivées ?

Elles doivent s’inspirer de l’Américaine Allison Schmitt. Elle a été championne olympique en  sur  m NL. Elle vient de se qualifier pour ses troisièmes Jeux, comme Charlotte. Elle est à trois secondes de son record mais elle est fière d’elle. Quoi qu’il arrive à Tokyo, elle partira avec le sourire et sans regret. J’ai dit aux filles et notamment à Charlotte, c’est comme ça que vous devez être.

Fantine et Charlotte devraient partager la même chambre au Japon. Leur lien est singulier…

Ce sont deux amies et plus que des copines. Leur amitié va perdurer après leur carrière.