Monaco-Matin

Séduction :

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

Une oeillade, un sourire : un premier contact est établi. Il est le préambule à la séduction, un jeu à deux et dont il faut observer les règles, sans quoi point de victoire. Si le Français se rêve toujours french lover, dans les faits, la drague semble parfois bien compliquée. Entre la peur panique du râteau et la maladresse, pas toujours facile de séduire. Le thérapeute de couple et sexologue niçois Claude Genna a mille anecdotes à raconter sur le sujet – l’un de ceux les plus fréquemmen­t abordés par ses patients. Preuve qu’il est aussi universel que complexe. Premier constat : on ne branche pas de la même façon selon que l’on est un homme ou une femme. Et il ne faut pas croire que l’un des sexes a le monopole de la drague : « Un virage a été pris dans les années 70 où les cartes ont été sur ce point rebattues. Jusque-là, les hommes avaient le statut, l’autorité, l’argent, et comme il fallait se marier et fonder une famille, les jeunes filles se laissaient courtiser sans prendre les devants (Draguer, elles ? Cela ne se faisait pas !). Aujourd’hui, la société a évolué, les femmes travaillen­t, elles n’ont plus besoin de soutien matériel, elles sont libres et indépendan­tes. Et veulent prendre part au jeu. Une réalité perdure toutefois : les femmes recherchen­t toujours la sécurité avant tout. Mais, jusqu’alors plutôt passives, elles ont pris le taureau par les cornes et sont entrées en piste. Leurs cartes maîtresses ? Douceur et subtilité. » « Les hommes pourraient être de grands séducteurs mais beaucoup sont terribleme­nt gauches, constate Claude Genna. Pourquoi ? Parce qu’ils connaissen­t mal la psychologi­e féminine. Il y a des manières d’aborder une dame, ne serait-ce que d’un point de vue concret : on ne s’approche pas de près, on lui laisse un minimum d’espace. Ensuite, on n’y va pas de but en blanc, on engage la conversati­on sur un prétexte, en parlant de quelque chose d’anodin. Vous êtes au supermarch­é ? Demandez-lui son avis sur une marque de yaourt par exemple ! »

« La séduction devrait être un art de vivre. On ne l’utilise pas qu’en amour, mais aussi par exemple au travail : lorsqu’il faut convaincre, souligne Claude Genna. Il est grand temps que chacun s’y mette. » Pour le sexologue, la maladresse de monsieur s’explique de deux manières. « L’homme a peur de se faire éconduire ; il part ainsi perdant avant même d’avoir entamé le jeu. Mais la séduction, ce n’est pas un résultat, c’est un échange, il faut laisser l’opportunit­é à l’autre de répondre. »

La crainte du râteau est donc puissante. Mais il n’y a pas que cela : le manque de confiance en soi va souvent faire obstacle à la moindre tentative. « Pour le masquer, certains vont mentir, enjoliver la réalité, se présenter sous un autre jour. Mais c’est catastroph­ique, parce qu’une femme repère l’entourloup­e à des kilomètres. Il suffirait pourtant qu’ils se montrent tels qu’ils sont. »

Et si ça ne fonctionne pas ? « Ce n’est pas grave, même s’il n’y a pas d’échange de numéro de téléphone, il y aura eu une discussion agréable, dans le respect et l’authentici­té. Il faut accepter que l’on ne gagne pas à tous les coups, ça n’empêche pas de tenter sa chance. »

Ultime règle : les dés ne sont jamais jetés. Chaque partenaire peut mettre un terme à l’échange à tout moment, sans pression. Car le consenteme­nt reste au centre du plateau.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco