Monaco-Matin

Bakou et les Euroscepti­ques

- ANTOINE DELGOULET

Pourquoi l’UEFA a-t-elle attribué quatre matchs de l’Euro à Bakou, la capitale de l’Azerbaïdja­n ? Où est l’intérêt sportif ? Parlez-en aux joueurs suisses qui ont dû se cogner au minimum quinze heures d’avion en quelques jours avec un vol Zurich - Bakou pour affronter le Pays de Galles, puis un Bakou - Rome pour défier l’Italie avant un come-back à Bakou pour jouer la Turquie. En termes de récupérati­on, on a déjà fait mieux. Bref, ne soyez pas étonnés si la Nati quitte la compétitio­n dès ce soir.

Située aux confins de l’Europe et de l’Asie, à près de  km de Cardiff et à peine moins de Zurich, Bakou est donc aussi à cinq ou six heures de vol sans escale (trois jours de voiture) pour les supporters gallois et suisses. Pas la porte à côté. Sans parler des inconvénie­nts de déplacemen­t liés à la pandémie et du prix d’un tel voyage, pas à bas coûts celuilà. Déjà que cet Euro à travers toute l’Europe (onze villes hôtes) était un casse-tête pour les fans, là, on touche le pompon ! D’autres se posent même la question de savoir si Bakou est vraiment en Europe, dans un pays dont la majorité du territoire se situe en Asie. Et bien, après quelques recherches, sachez que même les géographes et les historiens ne répondent pas clairement à la question, laissant la porte ouverte à toutes les réponses. Certains, très sérieux, disent même que la capitale de l’ancienne contrée soviétique se situe exactement sur la frontière entre les deux continents. Avec ça, on est bien avancé !

 millions d’euros. De l’argent qui vient des pétrodolla­rs issus de l’or noir dont regorgent les sous-sols du pays. Une manne qui a permis aux pouvoirs en place de transforme­r, en  ans, Bakou en ville ultra-moderne. Avec l’Euro, comme avec les Jeux Européens organisés en  et le Grand Prix de F accueilli chaque année, le pays tente de s’acheter une respectabi­lité et accroître son prestige au niveau internatio­nal. Une vitrine clinquante derrière laquelle il ne faut pas trop aller gratter. Depuis son indépendan­ce de l’URSS en , l’état est dirigé par la même famille (Aliev) dont le régime est controvers­é : immunité personnell­e, pas de limite de mandat, népotisme, pouvoir verrouillé... Le conflit avec l’Arménie pour le territoire du Haut-Karabagh est aussi source de grandes tensions et selon des OMG, plus d’une centaine de prisonnier­s politiques sont détenus sans respect des droits de l’homme. Sur tout cela, l’Occident ferme souvent les yeux, trop intéressé par les ressources énergétiqu­es du pays. L’UEFA fait donc à peu près la même chose niveau football, privilégia­nt très franchemen­t le pognon à tout autre intérêt, qu’il soit sportif ou démocratiq­ue. L’instance européenne du foot avait reçu par exemple  millions d’euros de Bakou pour l’organisati­on de la finale de la Ligue Europa Arsenal - Chelsea en . Un match qu’avait refusé de jouer Henrik Mkhitaryan, l’Arménien des Gunners... Ça n’a donc pas empêché l’UEFA d’offrir quatre matchs de l’Euro à l’Azerbaïdja­n.

Tant que les popoches sont bien pleines...

Vitrine en trompe-l’oeil

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(Photo AFP)

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