Comment le streaming révolutionne les docus ?
La croissance des services de vidéo à la demande offre aux contenus non scénarisés, comme les films documentaires, de nouvelles perspectives. Entre art et journalisme.
La nouvelle donne des documentaires. Tel était le thème d’une conférence donnée dans (1) le cadre du Festival de Télévision de Monte-Carlo, dimanche, au Monte-Carlo Bay.
Alors que le contenu dit « non scénarisé » – proposé sous forme de documentaires, d’émissions factuelles ou de divertissement – a été diffusé pendant des décennies sur les chaînes de télévision, l’avènement des plateformes de streaming (Netflix, Amazon Prime Video, OCS...) change les règles de diffusion.
Troisième genre le plus regardé
Sur les plateformes de SVOD (vidéos à la demande), le documentaire constitue le troisième genre le plus regardé après les séries et les films (2). « Il y a une faim de ce type de contenus, qui s’est développée avec la pandémie où les spectateurs étaient enfermés chez eux », constate la productrice italienne Gisella Marengo, qui a notamment travaillé au côté du cinéaste Evgeny Afineevsky pour le documentaire Francesco, sur le pape François.
Et le réalisateur américain de constater : « Contrairement au journaliste, qui a quelques minutes pour parler d’un sujet sous un angle précis, le producteur de documentaires montre une histoire avec un début, un milieu et une fin ».
Ainsi, le genre laisse place à l’émotion. Car « en tant que producteurs, nous sommes aussi des artistes », rappelle Evgeny Afineevsky. Avec les sous-titres, la barrière de la langue est effacée et le contenu s’universalise. « C’est ça, la révolution du streaming », note Simon Willgoss, producteur exécutif de la société Nutopia.
« Notre contenu est diffusé dans le monde entier, et avec lui le message qu’il veut donner. Où que l’on soit, on y a tous accès », poursuit Gisella Marengo, pour qui le documentaire a une mission : éduquer.
Les jeunes générations, surtout, souvent noyées dans le flux d’informations des réseaux sociaux et qui ont «besoin d‘inspiration ». « Nous avons la possibilité de montrer les choses telles qu’on les voit sur le terrain, en vérifiant nos sources avant de les rapporter », abonde Evgeny Afineevsky.
« Une exigence de qualité »
Avec la concurrence qui fait rage sur les plateformes de streaming, « il y a une vraie exigence de qualité », rappelle Simon Willgoss. Aussi, il insiste : « La relation entre producteurs et journalistes va être très importante dans les prochaines années pour s’assurer de raconter les bonnes histoires, de la bonne façon ».
1. Avec le producteur et réalisateur Evgeny Afineevsky, la productrice Gisella Marengo et le producteur exécutif de la société Nutopia, Simon Willgoss.
2. Baromètre de la SVOD 2019 publié en avril 2020.