Au Tennis-club de Roquebrune-Cap-Martin un ancien numéro un parle handisport
Le Tennis-club de RoquebruneCap-Martin était à la fête avec un concours de double mixte qui a accueilli onze équipes. Clou du spectacle de cette grande animation, une exhibition de paratennis (tennis en fauteuil roulant) de Laurent Giammartini, 54 ans, (ancien numéro 1 mondial, n°5 français) accompagné de son entraîneur Olivier Vergonjeanne, conseiller sportif territorial pour le comité départemental de tennis.
Les adhérents du TCRCM ont pu apprécier les qualités de ce champion hors norme dans l’attente d’une sélection pour les futurs Jeux Olympiques de Tokyo qui devrait se jouer entre les n°4 et 5 français. Après deux titres de champion du monde en simple, des médailles ramenées des JO de Séoul, Barcelone, Atlanta et Sydney, une place de numéro un mondial pendant sept ans, l’homme poursuit sa quête tennistique avec une humilité qui force l’admiration.
« Les choses commencent à bouger »
« J’ai eu un accident de mobylette à l’âge de 15 ans en 1982, livre-t-il avec un certain détachement. Je faisais déjà un peu de tennis, j’ai toujours été passionné puis j’ai continué tout en me disant que c’est praticable. Cela se faisait aux États-Unis dans les années 1970. De là, on a fait un petit circuit et les championnats de France. Maintenant les choses ont tellement bien évolué que c’est devenu un circuit professionnel avec des joueurs exceptionnels et un niveau très élevé. » Obstiné, travailleur, compétiteur, Laurent Giammartini se servira du sport pour psychologiquement ne pas flancher. Bien au contraire, il tutoiera les sommets de sa discipline laissant les méandres du sort de côté ; balayant d’un revers le destin. « Chacun sait que pour essayer de s’en sortir dans la vie le sport aide énormément dans le handicap ou autre chose. Le gars qui entre en prison, qui sort et qui se bat en faisant de la boxe est une voie par exemple. Elle est régulièrement utilisée pour s’en sortir », confie le sportif au chop ravageur.
Si l’homme pratique un sport individuel, il n’en oublie pas moins de poser son regard sur la société et de constater les avancées en matière de handicap. « On essaie, quand on peut, de parler de ça, des accès, de la vie quotidienne. Ce n’est pas évident car les choses ne sont pas encore bien adaptées pour les personnes à mobilité réduite. Mais c’est beaucoup mieux déjà que dans les années 1980, ça commence à bouger ».
Lors de l’exhibition au TCRCM, le public présent a pu également observer la qualité de l’entraînement mis en place par son fidèle partenaire Olivier Vergonjeanne, qui s’occupe de sa carrière depuis 25 ans. « Mon meilleur ami s’occupait du plus grand tournoi en fauteuil en France en région parisienne. Je lui ai donné un coup de main et un jour je me suis occupé de quatre gamins venus d’un centre de rééducation. Quand ils sont arrivés, les enfants m’ont regardé comme si j’étais le père Noël et j’ai chialé pendant 10 minutes. Là, j’ai su que c’était pour moi. Depuis je me suis formé, je suis rentré dans le cercle national. Avec Laurent, on est un vieux couple. »