Le grand écart électoral d’une urne à l’autre azuréennes
Dans certaines communes les électeurs ont choisi des candidats diamétralement opposés d’un scrutin à l’autre. Comment expliquer cette schizophrénie de l’isoloir ?
Unité de lieu. De temps. Et donc de résultats ? L’équation électorale est en fait bien plus complexe. La concomitance de deux scrutins, départemental et régional, le démontre. Chiffres à l’appui : l’électeur est parfois schizophrène. Capable, en tout cas, de grand écart politique en passant d’une urne à l’autre. Tout à fait capable de porter en tête de son canton un binôme de gauche, tout en votant pour la droite républicaine, voire le Rassemblement national, aux régionales. C’est le paradoxe de Mouans-Sartoux ou encore de Contes.
Du rouge au Bleu Marine
Dans le canton de Grasse 2, la socialiste Marie-Louise Gourdon et son jeune colistier Mathieu Panciatici ont ainsi viré en tête à l’issue de ce premier tour avec 35,53 % des suffrages exprimés. L’adjointe de MouansSartoux qui porte le binôme divers gauche fait mieux encore sur ses terres. Dans cette commune de 8 556 électeurs elle totalise 56,09 % des votes. Mais dans le même temps, ces mêmes électeurs ont majoritairement voté à droite pour les régionales. La liste de Jean-Laurent Félizia fait, certes, un de ses meilleurs scores azuréens à Mouans-Sartoux, mais il
Alors qu’elles ont eu lieu le même jour, les élections régionales et départementales révèlent des tendances parfois opposées, pour un même territoire.
plafonne néanmoins à 22,72 %, derrière Mariani (25,73 %) et, plus encore Muselier (32,38 %).
Le rose a parfois des reflets azur. Et le rouge peut même virer au Bleu Marine. Notamment dans la vallée du Paillon, bastion historique du parti communiste. Mais ça, c’était le temps d’avant. Voici bien longtemps que la vallée rouge a viré à droite, voire à l’extrême droite.
Un « ni-ni » qui penche à droite
Seul résiste encore le bastion de Contes. Le maire Francis Tujague, qui fait équipe avec Valérie Tomasini pour ces départementales, s’est d’ailleurs plus que maintenu avec 41,03 % des voix. Ici, l’étiquette PCF ne fait pas peur. Mais celle RN non plus. Car les Contois, s’ils ont boudé Renaud Muselier, ont néanmoins offert à Thierry Mariani quatre points de plus que sa moyenne régionale. Preuve s’il en fallait que les élections, du moins locales, sont davantage une affaire d’hommes et de femmes, que de parti.
Et cela se vérifie aussi à droite. À Cannes, notamment, où Mariani et Muselier finissent au coude-àcoude. Alors que dans le même temps, l’emblématique maire LR de la cité des festivals truste les urnes départementales avec un score sans appel de presque 78 % des voix ! Renaud Muselier n’en a manifestement pas profité. Et pour cause : David Lisnard avait annoncé qu’il ne s’impliquerait pas dans la campagne de son camarade de parti, jugé trop « Macron compatible ». Le maire de Cannes a manifestement tenu parole.
Pour le coup, on peut se demander si cette distorsion électorale est à mettre sur le compte de la schizophrénie de l’isoloir… ou au contraire sur la discipline politique.
L’effet de la guerre entre Républicains ?
La question se pose lorsque l’on regarde les résultats du canton de TourretteLevens, fief d’Éric Ciotti où il est candidat-vainqueur dès le premier tour. À SaintMartin-Vésubie, dans sa ville natale, le patron des Républicains azuréens capte même 80 % des voix. Et près de 60 % des suffrages dans la ville de son ancien directeur de cabinet, à Tourrette-Levens. Alors que ces deux communes ont plébiscité la liste Mariani aux régionales. Y aurait-il eu des consignes ? Une chose est sûre, la guerre fratricide à laquelle se sont livrés les ténors locaux des Républicains s’est manifestement poursuivie dans les urnes.