Monaco-Matin

La droite se ragaillard­it avant de trancher pour 2022 

Relancée par sa performanc­e à ce premier tour, elle aborde requinquée le second tour, même s’il lui faudra gérer sa bonne fortune en évitant une guerre mortifère des égos à moins d’un an de la présidenti­elle...

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Après des semaines de psychodram­e où LR semblait promis à l’asphyxie, les raisons de se réjouir ne manquaient pas pour la droite hier : des sortants qui améliorent leur score de 2015, un Rassemblem­ent national à la peine, et au total près de 29 % des voix au niveau national.

« Nous sommes, et de très loin, le premier parti de France », s’est félicité, hier, le président de LR Christian Jacob, en fustigeant un « échec cuisant et cinglant » pour le RN «qui s’effondre » et pour le président de la République « qui montre son incapacité a s’implanter dans les territoire­s ».

Reste la gauche : avant le second tour, Christian Jacob a demandé le retrait des listes de la majorité présidenti­elle dans trois régions où existe « un risque de gouvernanc­e avec l’extrême gauche » : Marc Fesneau dans le Centre-Val-deLoire, François de Rugy dans les pays de la Loire, et Denis Thuriot en Bourgogne-Franche-Comté. Il reste certes des incertitud­es : en Paca notamment, théâtre d’une cacophonie à droite, le RN Thierry Mariani devance Renaud Muselier de 4,47 points, même si le retrait de la liste de gauche devrait aider le candidat LR. Un déplacemen­t de Christian Jacob, Gérard Larcher et François Baroin est prévu, cette semaine, pour affirmer le « soutien unanime » du parti.

« Un tremplin pour la présidenti­elle »

« Rien n’est fait » mais « c’est une opportunit­é formidable pour la droite à condition que l’on transforme l’essai dimanche », a affirmé prudemment Jean-François Copé hier à l’issue d’un conseil stratégiqu­e. « C’est l’occasion de constater que quand la droite est claire, fidèle à ses conviction­s, les électeurs lui apportent leur soutien. C’est important pour nos régions mais aussi à la veille de la présidenti­elle », aestimé l’eurodéputé François-Xavier Bellamy.

La droite n’a pas le droit de rater à nouveau ce rendez-vous, dans dix mois, même si la question agace le président de LR : « Les régionales sont les régionales, la présidenti­elle c’est autre chose, ce n’est pas le moment d’en parler. » Trois présidents de région, évoqués pour 2022, ont dominé le premier tour dimanche, dans un contexte d’abstention record : Laurent Wauquiez (43,8 % en Auvergne-Rhône-Alpes), Xavier Bertrand (41,4 % dans les Hautsde-France) et Valérie Pécresse (35,9 %, soit quasi six points de plus qu’en 2015).

« Ils ont bénéficié à plein de la prime au sortant, maintenant, il faut voir leur capacité à en faire un tremplin pour la présidenti­elle », affirme Frédéric Dabi de l’Ifop.

Dans cette course, Xavier Bertrand a pris une option car « contrairem­ent au deux autres, il est sorti du bois » en se déclarant candidat, ajoute-t-il.

Mais Laurent Wauquiez fait «un retour impression­nant » et «retrouve sa liberté de manoeuvre » car « il a effacé largement les européenne­s », affirme Jérôme SainteMari­e de PollingVox.

Quant à Valérie Pécresse, « elle est très bien partie », les électorats de gauche risquant d’avoir «dumalà se cumuler » au second tour.

« Ça va être costaud entre les trois », ajoute Jérôme Sainte-Marie, alors que la droite s’apprête à sonder 15 000 personnes pour tenter de dégager son candidat -- sans quoi un système de départage devra être trouvé.

« Machine à perdre »

Christian Jacob a exclu, hier, d’accélérer le calendrier prévoyant une désignatio­n en novembre, qui est « calé » et « ne bougera pas ». Les ambitions risquent pourtant de s’aiguiser dès cet été. Xavier Bertrand a déjà prévenu qu’il ne passerait pas par une primaire. D’autres ténors comptent peser, de Michel Barnier à Bruno Retailleau. « On a vraiment intérêt maintenant à se mettre autour d’une table pour trancher, pour que nous ayons une incarnatio­n et pas plusieurs », a affirmé, hier, le député LR du Vaucluse Julien Aubert. Le but étant d’éviter un nouvel épisode de la guerre des égos.

« J’espère que la droite saura, avec rigueur, méthode et concentrat­ion, s’organiser pour éviter la machine à perdre », avertit Jean-François Copé.

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