Monaco-Matin

Comment un trentenair­e niçois y a laissé   euros

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Jean(1) est accueilli par « une femme brune, très jolie », dont il ignore le nom. Alors trentenair­e, il a franchi le palier de l’agence Eurochalle­nges, située dans la zone piétonne de Nice. Cette scène remonte à 2011, ou 2013, il ne sait plus trop. En revanche, il n’a pas oublié l’escroqueri­e dont il s’estime victime. Au départ, Jean vient juste «serenseign­er ». Il insiste sur ce point. Mais la « jolie femme brune » le fait patienter dans la salle d’attente. Elle lui sert un thé. Idéal pour parcourir les brochures qui mettent en scène d’heureux mariés. Puis elle le reçoit dans son bureau. Refuse de parler d’argent d’emblée. Lui montre des photograph­ies de mariages. Puis s’enquiert de ses préférence­s. Jean, lui, préfère les Slaves.

«Onaabusé de sa crédulité »

L’entretien avançant, la jolie brune lui demande de signer des papiers. Un simple avis de passage, selon elle (« elle ne m’a jamais dit qu’il s’agissait d’un contrat »). La question du prix arrive sur la table. Ce serait autour de 3 000 euros. « J’ai dit que ce n’était pas possible du tout. » Son interlocut­rice ne ferme pas la porte pour autant. Au contraire : elle lui présente des profils de femmes susceptibl­es de lui plaire. Par la suite, Jean reçoit chez lui des photos de femmes, assorties d’une

L’avocat Christophe Petit défend les intérêts d’un Niçois qui estime avoir été floué par Eurochalle­nges.

demande de paiement. Il s’en émeut auprès d’Eurochalle­nges. Assure ne pas avoir signé de contrat. Précise qu’il a été placé sous curatelle depuis, souffrant de troubles psychiatri­ques. Qu’à cela ne tienne : la société lui réclame des documents administra­tifs et bancaires prouvant ses capacités de paiement. Il s’exécute, un peu perdu : «Je ne comprenais rien… »

L’air de rien, un échéancier est mis en place. Jean sera ainsi débité de 3 850 euros, malgré sa situation financière « mauvaise » et ses efforts pour stopper la machine infernale. Face à ses réticences, la société aurait menacé de le traîner en justice. « La prestation s’interrompt brutalemen­t, sans résultat », remarque Me Christophe Petit, avocat au barreau de Nice. À ses yeux, Jean était «le gogo» tout trouvé. « C’est un homme qui a eu un parcours chaotique, sentimenta­lement et psychologi­quement. Il a signalé ses problèmes psychiatri­ques sans que cela ne soit pris en compte. Et il a dit qu’il attendait un héritage... »

Pour Me Petit, pas de doute : «Ona abusé de sa crédulité et de sa vulnérabil­ité. » Voilà pourquoi Jean a « pris le train judiciaire en route. Il espère une condamnati­on. Une reconnaiss­ance. »

À défaut d’avoir entrevu ces femmes qu’on lui a fait miroiter.

1. Son prénom a été modifié afin de l’anonymiser.

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