Harcèlement de Jeremstar : un journaliste niçois condamné
Le célèbre youtubeur spécialiste de la téléréalité, objet de plusieurs polémiques, avait été victime d’une campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux. Son auteur a écopé de quatre mois ferme.
O «n refuse de s’intéresser au fond de cette affaire, mais je n’ai fait que relayer des faits. » Le journaliste indépendant Olivier Porri Santoro, 35 ans, tente de justifier comme il peut le tombereau d’injures et de diffamations qu’il a déversé sur les réseaux sociaux. Sa cible ? Jeremstar, alias Jérémy Gisclon, vidéaste, blogueur, chroniqueur spécialiste de la téléréalité, qui s’est notamment fait connaître pour des interviews réalisées dans… sa baignoire.
À travers Instagram et Twitter, Olivier Porri Santoro a lancé en 2020 une campagne de dénigrement, accusant Jeremstar de tous les maux. Un véritable déchaînement de haine qui lui vaut de comparaître devant le tribunal correctionnel de Nice. Il doit répondre de « harcèlement au moyen d’un support numérique, propos ou comportements répétés ayant pour effet une dégradation des conditions de vie ». Il a, entre autres, contacté le producteur de l’émission « Fort Boyard » et obtenu l’annulation du
Le youtubeur a fait l’objet de plusieurs accusations depuis .
tournage de l’émission à laquelle Jeremstar participait.
« Je récuse toutes les accusations »
« Reconnaissez vous les faits ? », demande en préambule le président Alain Chemama. « Je récuse toutes les accusations, je suis journaliste avant tout », s’offusque le prévenu. Olivier Porri Santoro ne cache pas que ses messages servaient à la promotion d’un livre publié à compte d’auteur intitulé La Fesse cachée de Jeremstar. « J’ai essayé d’attirer la lumière sur mon travail. C’est mon travail qui me fait vivre. C’est une enquête sérieuse. Je n’en ai pas honte. Mon travail est de dire la vérité, que cela plaise ou non », se défend à la barre Olivier Porri Santoro.
Il explique avoir aidé des victimes à briser le silence sur le comportement de ce youtubeur controversé, qu’il qualifie de « peu recommandable, corrupteur de mineurs, raciste, antisémite, traître, menteur, profiteur, égocentrique, harceleur, cupide, exhibitionniste, voleur, hypocrite… ».
Deux problèmes majeurs sont soulevés par Me PierreEugene
Burghard, l’avocat de Jeremstar : son client n’a jamais été poursuivi en justice et il n’a jamais rencontré son pourfendeur. Les demandes de dommages et intérêts sont conséquentes : 10 000 euros pour préjudice moral, autant pour le préjudice d’image, 68 000 euros de revenus perdus, 10 000 euros de frais de justice
« Campagne de haine »
Le journaliste azuréen est sûr de lui. À quelques heures de comparaître, il avait même tweeté un pseudosondage ainsi libellé : «Les faits pour lesquels il est poursuivi doivent-ils être requalifiés ? Réponse : Non à 95%.» Le procureur Thibault Rossignol en reste pantois. Le magistrat requiert un an de prison dont six mois ferme, six mois de sursis probatoire avec un suivi pendant trois ans afin de sanctionner « une campagne de haine », orchestrée « par un homme qui s’est comporté en chef de meute ».
En défense, Me Karim Louafi regrette l’absence du plaignant et estime qu’il s’agit « d’une succession d’injures, de diffamations, un abus de la liberté d’expression, mais qui renvoient à des faits précis qui méritent un débat contradictoire. » « Quand il édite son bouquin, la polémique est déjà là. M. Porri Santoro ne l’a pas créée. Dans ce contexte, difficile de faire le lien entre ses propos et l’altération psychologique de M. Gisclon », argumente l’avocat de la défense. La semaine dernière, un non-lieu a été rendu par la justice en faveur de Jeremstar dans une affaire de prostitution de mineurs, au contraire de son comparse « Babybel », renvoyé en correctionnelle. L’autre bonne nouvelle pour le vidéasteblogueur est la condamnation pour cyberharcèlement d’Olivier Porri Santoro à un an de prison, dont quatre mois ferme et huit mois avec sursis. Le journaliste devra effectuer un stage de citoyenneté et verser 8 500 euros de dommages et intérêts. La société de Jeremstar a été, en revanche, débouté de ses demandes.