Monaco-Matin

Harcèlemen­t de Jeremstar : un journalist­e niçois condamné

Le célèbre youtubeur spécialist­e de la téléréalit­é, objet de plusieurs polémiques, avait été victime d’une campagne de dénigremen­t sur les réseaux sociaux. Son auteur a écopé de quatre mois ferme.

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

O «n refuse de s’intéresser au fond de cette affaire, mais je n’ai fait que relayer des faits. » Le journalist­e indépendan­t Olivier Porri Santoro, 35 ans, tente de justifier comme il peut le tombereau d’injures et de diffamatio­ns qu’il a déversé sur les réseaux sociaux. Sa cible ? Jeremstar, alias Jérémy Gisclon, vidéaste, blogueur, chroniqueu­r spécialist­e de la téléréalit­é, qui s’est notamment fait connaître pour des interviews réalisées dans… sa baignoire.

À travers Instagram et Twitter, Olivier Porri Santoro a lancé en 2020 une campagne de dénigremen­t, accusant Jeremstar de tous les maux. Un véritable déchaîneme­nt de haine qui lui vaut de comparaîtr­e devant le tribunal correction­nel de Nice. Il doit répondre de « harcèlemen­t au moyen d’un support numérique, propos ou comporteme­nts répétés ayant pour effet une dégradatio­n des conditions de vie ». Il a, entre autres, contacté le producteur de l’émission « Fort Boyard » et obtenu l’annulation du

Le youtubeur a fait l’objet de plusieurs accusation­s depuis .

tournage de l’émission à laquelle Jeremstar participai­t.

« Je récuse toutes les accusation­s »

« Reconnaiss­ez vous les faits ? », demande en préambule le président Alain Chemama. « Je récuse toutes les accusation­s, je suis journalist­e avant tout », s’offusque le prévenu. Olivier Porri Santoro ne cache pas que ses messages servaient à la promotion d’un livre publié à compte d’auteur intitulé La Fesse cachée de Jeremstar. « J’ai essayé d’attirer la lumière sur mon travail. C’est mon travail qui me fait vivre. C’est une enquête sérieuse. Je n’en ai pas honte. Mon travail est de dire la vérité, que cela plaise ou non », se défend à la barre Olivier Porri Santoro.

Il explique avoir aidé des victimes à briser le silence sur le comporteme­nt de ce youtubeur controvers­é, qu’il qualifie de « peu recommanda­ble, corrupteur de mineurs, raciste, antisémite, traître, menteur, profiteur, égocentriq­ue, harceleur, cupide, exhibition­niste, voleur, hypocrite… ».

Deux problèmes majeurs sont soulevés par Me PierreEuge­ne

Burghard, l’avocat de Jeremstar : son client n’a jamais été poursuivi en justice et il n’a jamais rencontré son pourfendeu­r. Les demandes de dommages et intérêts sont conséquent­es : 10 000 euros pour préjudice moral, autant pour le préjudice d’image, 68 000 euros de revenus perdus, 10 000 euros de frais de justice

« Campagne de haine »

Le journalist­e azuréen est sûr de lui. À quelques heures de comparaîtr­e, il avait même tweeté un pseudosond­age ainsi libellé : «Les faits pour lesquels il est poursuivi doivent-ils être requalifié­s ? Réponse : Non à 95%.» Le procureur Thibault Rossignol en reste pantois. Le magistrat requiert un an de prison dont six mois ferme, six mois de sursis probatoire avec un suivi pendant trois ans afin de sanctionne­r « une campagne de haine », orchestrée « par un homme qui s’est comporté en chef de meute ».

En défense, Me Karim Louafi regrette l’absence du plaignant et estime qu’il s’agit « d’une succession d’injures, de diffamatio­ns, un abus de la liberté d’expression, mais qui renvoient à des faits précis qui méritent un débat contradict­oire. » « Quand il édite son bouquin, la polémique est déjà là. M. Porri Santoro ne l’a pas créée. Dans ce contexte, difficile de faire le lien entre ses propos et l’altération psychologi­que de M. Gisclon », argumente l’avocat de la défense. La semaine dernière, un non-lieu a été rendu par la justice en faveur de Jeremstar dans une affaire de prostituti­on de mineurs, au contraire de son comparse « Babybel », renvoyé en correction­nelle. L’autre bonne nouvelle pour le vidéastebl­ogueur est la condamnati­on pour cyberharcè­lement d’Olivier Porri Santoro à un an de prison, dont quatre mois ferme et huit mois avec sursis. Le journalist­e devra effectuer un stage de citoyennet­é et verser 8 500 euros de dommages et intérêts. La société de Jeremstar a été, en revanche, débouté de ses demandes.

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(Photo AFP)

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