Monaco-Matin

Aux assises de Saône-et-Loire, Valérie Bacot raconte l’emprise de son mari proxénète

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« Je fais ce qu’il dit. Vaut mieux » : Valérie Bacot [doc TF1] a raconté l’emprise qu’avait son ex-beau-père violent, devenu son mari et proxénète, hier, au premier jour de son procès aux assises de Saône-et-Loire, pour l’avoir tué d’une balle dans la nuque.

« Au départ, j’étais contente qu’il revienne », se souvient Valérie Bacot quand elle est interrogée sur cette étonnante année 1997, où son beaupère rentre au foyer familial à sa sortie de prison, où il avait pourtant été incarcéré pour avoir violé celle qui était alors sa belle-fille âgée de 12 ans. Pendant plus de deux heures, cette femme à l’allure frêle, régulièrem­ent secouée de sanglots, raconte alors son « enfer extrême ».

A force de viols, elle tombe enceinte à 17 ans – il en a 42. Sa mère la chasse. « Je voulais garder mon enfant. J’avais personne. Où je pouvais aller ? », dit-elle pour expliquer pourquoi, contre tout entendemen­t, elle décide de suivre son violeur quand il lui propose de s’installer en couple. « J’ai toujours voulu avoir des enfants et qu’ils aient un père », dit Valérie Bacot, qui a elle-même souffert d’un père absent. « Alors, c’était obligé. »

Cette « bonne à rien »

Obéir, toujours. Surtout lorsque son mari lui dit que, elle, cette « bonne à rien », sa seule solution pour « ramener de l’argent » serait de se prostituer. L’homme aménage le monospace familial et y offre sa femme pour des passes de 20 à 50 € le long de la départemen­tale. Mais le dimanche 13 mars 2016, tout a chaviré. « J’avais mal. Il y avait du sang. Tout ce que j’avais vécu revenait d’un coup », dit-elle pour expliquer pourquoi elle s’est saisie du pistolet de son mari, caché dans le véhicule, et a fait feu dans sa nuque. « Mais ce pistolet, c’est vous qui l’aviez amené ? », corrige la présidente. « J’avais peur du client », répond Valérie Bacot. « Et éventuelle­ment pour l’utiliser contre Daniel Polette ? », questionne la présidente. L’accusée raconte alors «lagrossepe­ur» qu’elle a eue, ce même dimanche, quand sa fille Karline, 14 ans, lui confesse que son père lui avait demandé comment elle était « sexuelleme­nt ».

« Je voulais la sauver », assure Valérie Bacot, qu’on surnomme souvent la « nouvelle Jacqueline Sauvage », condamnée pour avoir tué son mari, puis graciée en 2016. Ce sont d’ailleurs les mêmes avocates qui défendent Valérie Bacot, Janine Bonaggiunt­a et Nathalie Tomasini. « Il n’y avait pas d’autre solution ? », hasarde la présidente. « J’sais pas. Je la cherche toujours, la solution ». Le procès est prévu jusqu’à vendredi.

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