Affaire Mila : la banalité du cyberharcèlement en meute
PARIS
« J’ai pas réfléchi et j’ai tweeté comme ça » : treize prévenus de à ans, pour la plupart sans antécédents judiciaires, jugés depuis hier à Paris pour avoir harcelé en ligne ou menacé de mort l’adolescente Mila après sa vidéo polémique sur l’islam, ont assuré, hier, ne pas avoir réalisé qu’ils participaient à un «raid» numérique. A la barre, Lauren G. se fait tout de suite reprendre par le président Michaël Humbert, qui lui rappelle un « rituel » judiciaire : parler distinctement dans le micro. « C’est vrai que c’est plus facile sur Twitter », tacle le magistrat. « J’en avais ras-le-bol de voir son prénom tout le temps dans mon fil d’actualité alors qu’elle ne m’intéresse pas », justifie Lauren G. « Sur le moment, j’étais pas au courant que [Mila] était harcelée. » Puis c’est au tour d’Alyssa K., musulmane, étudiante en « licence humanité » de ans, qui affirme qu’elle n’avait pas conscience de la connotation menaçante de son message. « Donc quand vous dites “qu’elle crève”, pour vous ce n’est pas menaçant ?», répète le président. « Eh bien c’est très dangereux de laisser un téléphone portable dans les mains d’une personne comme vous. » Devant l’émoi et l’embarras de la jeune prévenue, le magistrat reprend: « Si cette audience pouvait servir à une seule chose, c’est comment communiquer dans une société parfaite. »
Les prévenus encourent jusqu’à trois ans d’emprisonnement et € d’amende. Fin du procès aujourd’hui.