Monaco-Matin

Bygmalion : la défense de Sarkozy plaide la relaxe

Les avocats de l’ancien Président ont assuré qu’il avait tout ignoré de la gigantesqu­e fraude en 2012 et de ses 20 millions de dépassemen­t. ÉLECTION PRÉSIDENTI­ELLE

- THIERRY LÉVÊQUE

Au procès de la fraude de la campagne de 2012, Nicolas Sarkozy n’est venu qu’une seule fois. Pour l’ultime audience et la plaidoirie de sa défense, il était encore absent, de même que son avocat Thierry Herzog, victime d’un problème de santé. L’associée de ce dernier, Me Gesche Le Fur, l’a remplacé pour une plaidoirie d’une petite heure. Nicolas Sarkozy est poursuivi pour le seul délit de « financemen­t illégal de campagne électorale », l’instructio­n ayant conclu que rien ne démontrait son implicatio­n dans la fraude. Il encourt pour cela jusqu’à un an de prison, soit la peine réclamée par le parquet, dont six mois ferme.

 meetings luxueux

« Comment lui reprocher un montant de dépenses alors qu’il n’est pas au courant de la fraude, ne l’a pas ordonnée ? », a demandé Me Le Fur. Le candidat, certes alerté sur la flambée des coûts par des notes, a pu penser que son équipe veillait au grain, a-t-elle estimé. Les quarante-quatre meetings luxueux ? Il les a juste « souhaités » et non « ordonnés. ». Surtout, il n’aurait rien supervisé de tout cela. « Il n’a signé aucun devis, aucune facture, il est loin d’être un candidat

Nicolas Sarkozy en meeting à Paris le  mars .

hystérique. Il est respectueu­x des valeurs de la République », a clamé l’avocate. Si l’ex-Président n’était pas présent à son procès, il ne faut pas mal le prendre, a-t-elle expliqué au tribunal. « Nicolas Sarkozy a suffisamme­nt montré le respect qui est le sien pour la justice. »

Mais qui est responsabl­e de la fraude, alors ? « Nul n’est personnell­ement responsabl­e que de son propre fait » ,a lancé Me Le Fur, soulignant que les experts-comptables et l’équipe de campagne étaient payés pour tout vérifier. Les deux avocats de l’ex-directeur de campagne Guillaume Lambert n’ont pas relevé l’allusion. Leur client risque pourtant gros, le parquet ayant requis contre lui quatre ans de prison avec sursis et 50 000 € d’amende pour « escroqueri­e et abus de confiance ». Ses avocats ont aussi plaidé la relaxe, expliquant que leur client n’avait rien su de la fraude.

Délibéré le  septembre

Restait à entendre la défense de Jérôme Lavrilleux, ex-directeur de campagne adjoint et bras droit, à l’époque, du patron de l’UMP Jean-François Copé. Il est le seul, côté UMP, à admettre avoir validé le système de fraude, tout en niant en être l’inventeur. Mais alors, qui était-ce ? Son avocat Christian Saint-Palais l’a juste suggéré : « Qui peut imaginer que ce qui se passe à l’UMP n’est pas rapporté à Nicolas Sarkozy ? » Me Saint-Palais a aussi ironisé sur la position de Guillaume Lambert. « Il touchait 15 000 € par mois comme directeur de campagne, il était préfet, il a fait les grandes écoles, c’est quelqu’un de très compétent, qui doit savoir ce qu’il fait ». Le jugement a été mis en délibéré au 30 septembre. (Agence locale de presse)

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(Photo AFP)

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