Au procès Air Cocaïne, la énième vérité du Toulonnais Frank Colin
Définitivement condamné en 2019, Frank Colin a comparu en tant que témoin. Le Toulonnais met hors de cause les accusés, dont les pilotes, jugés en appel.
Co-commanditaire du trafic « Air Cocaïne », le Toulonnais Frank Colin a été entendu hier dans le procès en appel qui se tient actuellement à Aixen-Provence.
Lui n’avait pas fait appel de sa condamnation, en 2019, à douze ans de réclusion. C’est en tant que témoin qu’il a comparu par visioconférence depuis la prison de Muret (Haute-Garonne). « Je suis là parce que j’ai une conscience et je veux que la vérité soit faite », a déclaré le Toulonnais qui a livré une énième version de l’affaire.
Des valises vidées à Bandol
« Il y a eu cette préparation d’une tentative d’importation qui n’a pas fonctionné » ,reconnaît-il désormais. Interrogé sur la livraison suspecte de dix valises à Saint-Tropez, le 9 décembre 2012, Frank Colin répète qu’il s’agissait d’un vol test. Et a apporté cette précision inédite : « On est allés à Bandol, les valises remplies de terre ont été vidées dans une forêt près du zoo (…) Il n’y a pas eu un gramme de stupéfiant sur le sol français. » Une seconde rotation avait été organisée mais l’avion était rentré à vide. Le dernier vol a été interrompu avec l’arraisonnement, à Punta Cana, du Falcon 50 à destination de Saint-Tropez. 700 kg de cocaïne avaient été saisis.
Un investissement de euros
Frank Colin explique, tout en réfutant l’étiquette de commanditaire, avoir voulu « faire fructifier gratuitement [son] argent en le confiant à un narcotrafiquant ».
Ce « partenaire », que le témoin appelle « Maurice » en référence à un suspect jamais identifié lors de l’enquête, serait « un retraité corse qui a fait beaucoup de prison à Fresnes ».
Frank Colin indique avoir réalisé un investissement de 800 000 euros, avec la participation de trois protagonistes, dont aucun ne se trouve sur le banc des accusés. « J’ai l’impression que les pilotes se sont fait bananer… À aucun moment, ils n’ont été mis au courant devant moi », commente le témoin toulonnais.
Frank Colin dédouane également l’accusé principal Ali Bouchareb et Michel Ristic, soupçonnés d’avoir participé au trafic à divers degrés.
Lorsqu’il était en détention provisoire, Frank Colin avait pourtant désigné ces deux hommes sur photos, avant de se rétracter en cours d’instruction, notamment lors des confrontations.
« L’histoire de leur arrestation en Espagne (en 2014 dans le cadre d’un autre trafic de stups, Ndlr) a fait le tour des prisons, j’y ai vu l’occasion de minimiser mon rôle. Mais je ne les connais même pas. »