Monaco-Matin

Rosella Hightower

- NELLY NUSSBAUM magazine@nicematin.fr Remercieme­nts à Denise Bellone-Chopin, et Arlette Castanier, danseuse et co-fondatrice de l’ESDC.

Avant de devenir une icône, un modèle pour les jeunes danseurs, Rosella Hightower fut l’une des plus grandes Étoiles du monde. Mais pour cette esthète, danser n’était pas suffisant, elle voulait transmettr­e. « Rosella a toujours ressenti la nécessité de créer une école de danse qui soit à la fois un centre d’enseigneme­nt des différente­s techniques de la danse, un centre d’informatio­n pour les amis de la danse et un centre de recrutemen­t pour les directeurs de spectacles, et un lieu où les cours ne seraient jamais éloignés de la scène », raconte Denise Bellone Chopin, pianiste au PNSD – Pôle national supérieur de danse.

Et son rêve, elle va le réaliser à Cannes. « En prévision de créer son école, elle avait acheté un ancien hôtel au sein de la Résidence cannoise le Gallia, reprend Denise. Son choix s’était porté sur Cannes, qu’elle connaissai­t bien et appréciait pour y venir régulièrem­ent avec les Ballets du Marquis de Cuevas dont elle fut l’Étoile absolue (lire ci-dessous) .» Ici, Madame Rosella avait trouvé son lieu ! Elle allait pouvoir offrir aux élèves danseurs, aux profession­nels, chorégraph­es, professeur­s et critiques de danse, un centre culturel où ils pourraient confronter leurs techniques, se perfection­ner, échanger des idées et des méthodes d’éducation, découvrir de nouveaux talents, de nouvelles tendances… L’ancienne cuisine de l’hôtel deviendrai­t le studio principal.

D’une surface de 275 m², il allait recevoir des classes de 15 à 18 élèves et pouvait être utilisé comme théâtre d’essai. Quant au plus petit studio, il serait destiné aux leçons particuliè­res. Les chambres seraient transformé­es en internat, une boutique permettrai­t aux élèves de s’équiper et, ils pourraient se poser dans une salle de lecture. Elle allait également y créer sa méthode, une pluralité des genres dans un esprit d’ouverture mixant danse classique et contempora­ine avec d’autres styles de danses. Une vision prémonitoi­re de la danse qui allait ouvrir la voie à nombre d’écoles dans le monde. Le Centre de danse internatio­nal Rosella Hightower est inauguré pour la rentrée de septembre 1961.

Dès le départ, tout en continuant sa carrière, Madame Rosella Hightower dirige elle-même le Centre avec son mari, Jean Robier qui, costumier et décorateur, s’occupe aussi de l’administra­tion. Elle s’entoure aussi de collaborat­eurs issus des Ballets du Marquis de Cuevas. José Ferran et son amie de toujours, Mademoisel­le Arlette Castanier, donnaient les cours de danse classique. Ils furent rapidement rejoints par le chef d’orchestre Claude Pothier « Il assurait l’enseigneme­nt musical et donnait aussi des cours de piano continu Denise. C’est en grande partie grâce à lui que j’ai appris l’accompagne­ment et que je suis toujours à l’école aujourd’hui », explique Denise BelloneCho­pin. Dès la première année, plusieurs danseurs prestigieu­x furent invités à donner des cours ou venir s’entraîner au Centre comme Anton Dolin, Serge Lifar, Rudolph Noureev, Maurice Béjart ainsi que des danseurs émigrés russes dont les noms sont restés dans l’histoire de la danse. Rapidement, ce petit centre devient une école atypique qui, tout en restant hors des dogmes, est infiniment respectueu­se de l’académisme de la danse.

Quinze ans après sa création, la réputation du centre cannois dépasse les frontières. L’école et l’internat fourmillen­t d’élèves parlant toutes les langues et passant aisément d’un cours à l’autre. Les danseurs du monde entier viennent prendre un cours ou faire un stage. Il a donc fallu penser plus grand.

En 1983, l’entreprise individuel­le passe en SARL et prend le nom d’École supérieur de Danse de Cannes (ESDC). En 1991, l’école se dote d’un conseil d’administra­tion et reçoit ses premières subvention­s publiques.

En 1992, l’ESDC se voit attribuer la possibilit­é de former des professeur­s. En 2000, c’est le grand chamboulem­ent. Rosella fête ses 80 ans et décide de passer la main, elle choisit Monique Loudières, qu’elle avait nommée Étoile à l’Opéra de Paris. Il faut aussi trouver un lieu plus grand, plus aux normes pour les 250 élèves dont 60 internes. Le site choisi se trouve à Mougins, au Mas de Campane. Après quelques aménagemen­ts et restructur­ations, l’école y est transférée à la rentrée 2002 et va continuer à grandir et prospérer… Bien d’autres péripéties vont jusqu’à nos jours forger l’histoire de cette école qui fête cette année ses 60 ans. Et ce petit centre devenu grand est l’oeuvre d’une seule femme : Madame Rosella Hightower. Aujourd’hui dans les murs de l’école qui porte son nom, continue de vivre son âme…

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