Monaco-Matin

Une « Grande traversée du Mercantour » inédite

Originaire d’Isère, l’ultra trailer Mickaël Berthon part aujourd’hui d’Entraunes pour rejoindre Menton en 50 h. Une aventure sportive de haut niveau modifiée en raison de la tempête Alex.

- ALICE ROUSSELOT

En temps normal, la Grande Traversée du Mercantour, reliant Entraunes à Menton par les cimes, s’étale sur 16 jours. Mais c’est en 50 heures que l’ultra trailer isérois Mickaël Berthon – qui s’élance ce matin, à 9 h – a prévu de finaliser l’aventure.

« L’an dernier, Yohan Viani a établi un record de 46 h 10. Mais je ne veux pas partir en me disant que je vais battre son temps. On verra l’état du bonhomme à la Madone de Fenestre… »

Davantage habitué à sillonner les massifs de la Chartreuse, du Vercors ou de Belledonne, le montagnard de 33 ans s’attaque pour la première fois au Mercantour.

« Je voulais le découvrir depuis quelques années. Mais on a tous entendu parler de la tempête Alex. Et se dire qu’on peut encore le traverser après cette catastroph­e – et le faire savoir – me paraissait encore plus motivant. C’était dans mes dossiers, mais cet épisode l’a remis au goût du jour », dit-il.

Déjà entraîné

Mickaël précise avoir l’intention, l’an prochain, de s’atteler au GR5 intégral – de la Hollande à la Méditerran­ée. « Cette traversée du Mercantour sera parfaite pour se mettre en jambes. Même si elles vont finir très lourdes ! », s’esclaffe-t-il. D’autant que l’Isérois a placé la barre très haut. Et c’est non-stop qu’il entend remplir sa feuille de route. « Même si je ne m’y arrêterai pas, j’ai appelé des refuges pour prévenir les gardiens et avoir des informatio­ns – notamment pour connaître les points d’eau. J’ai appris à dormir 15 minutes en m’arrêtant sur le chemin. 40 minutes grand max quand je suis à l’état de zombie et que ça devient dangereux », souligne-t-il.

Pour ces mêmes raisons de sécurité (faute de connaissan­ce parfaite du terrain), Vincent et Rémi, deux amis, courront chacun une nuit aux côtés de Mickaël. « Je n’ai jamais pris de drogue dure mais je crois que les hallucinat­ions qu’on vit lors de la deuxième nuit sans sommeil s’en rapprochen­t », sourit-il. Conscient qu’un tel exercice ne serait pas possible sans un travail de plusieurs années. Sans son expérience de stages commando à l’armée. Sans la petite équipe qui l’accompagne, dont le noyau dur est constitué de sa compagne Fiona et de son fils Milan.

« Mimi est présent aux ravitaille­ments, il me donne de la force pour y arriver. Fiona a l’expérience de comment je fonctionne, on se cale pour que tout se passe bien. Les ravitaille­ments ont un côté zone de confort, il ne faut pas traîner si on veut atteindre ses objectifs… »

Une autre raison a poussé Mickaël à se lancer le 1er juillet, date originelle­ment fixée pour la fin du couvrefeu : il s’était entraîné pour un autre défi fou, hélas annulé pour la deuxième année consécutiv­e. La

Chartreuse Terminorum.

« C’est une course très particuliè­re, elle n’a jamais été terminée. Il faut faire cinq boucles en 80 heures avec zéro balisage, zéro GPS et zéro assistance. Pour un total de 25 000 mètres de dénivelé positif. Il faut trouver des livres pour connaître les points de passage et en arracher une page. 40 sportifs sont sélectionn­és sur lettre de motivation. »

En 2019, Mickaël faisait partie des happy few allés le plus loin. Alors que le record est de trois tours et un livre, l’Isérois a réalisé deux tours et une dizaine de livres (2/3). « C’était très important pour moi d’y participer. On s’engage beaucoup pour ce type de compétitio­ns, notre famille aussi est très impliquée. Alors quand on ne concrétise pas, c’est difficile. Avec la Traversée du Mercantour, j’ai voulu mettre à profit cet entraîneme­nt acquis… »

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(Photo DR) Mickaël Berthon et ses premiers supporters : son fils Milan et sa compagne Fiona.
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Parti aujourd’hui d’Entraunes, Mickaël Berthon entend rejoindre Menton en  h, via une « Grande traversée du Mercantour » atypique.
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(Photos d’archives R.R. et S.R.)

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