Monaco-Matin

Nonagénair­e fauchée à Menton :  mois avec sursis

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Ce 9 mai 2019, il est 20h30 quand Marie-Honorine Ivaldi, 94 ans, traverse l’avenue de Sospel à Menton à hauteur du numéro 27. Elle avance lentement sur le passage piéton, appuyée sur sa canne.

Soudain, des témoins entendent un rugissemen­t. Celui d’une Ducati 1 260 cc remontant l’avenue, vers le Nord. « Je l’ai entendue arriver. J’ai été surpris par le gros coup d’accélérate­ur, elle est partie comme une fusée », témoignera l’un d’eux. En l’espace de quelques secondes, la moto couvre l’espace qui la sépare du passage piéton. Le pilote ne voit pas la vieille dame. Elle est projetée à trente-deux mètres. Tuée sur le coup.

« Je suis effondré »

Ce mardi, le chauffard responsabl­e de l’accident, Antoine M., 53 ans, électricie­n, était jugé devant le tribunal correction­nel, présidé par Jean-Marc Talon. L’homme reconnaît les faits totalement. Un expert a estimé sa vitesse à 80 km/heure. Il rentrait chez lui ce soir-là, suivi par sa femme en voiture. Cette audience s’est tenue dans une ambiance très particuliè­re. La famille de la victime a, depuis le drame, souhaité pardonner au chauffard. Ils l’avaient rencontré sur les lieux de l’accident deux jours à peine après les faits. « Je ne souhaite à personne de vivre ce que vous vivez, et ce que je vis. Je suis vraiment désolé, je suis effondré, je dois vivre jusqu’à la fin de mes jours avec ça », s’est de nouveau excusé le motard, regardant, en larmes, la famille dans les yeux. Il a affirmé à l’audience avoir voulu éviter un scooter, et avoir accéléré dans la manoeuvre, ce qui ne ressortait pas de ses déclaratio­ns durant l’instructio­n. Me Nicolas Gemsa, avocat des proches, a rappelé la mémoire de Marie-Honorine Ivaldi : «Une figure de Menton qui s’est éteinte, qui avait le coeur sur la main, et était très impliquée dans les oeuvres caritative­s. » Il a évoqué une famille « orpheline et dans une profonde tristesse ». Et souligné les contacts pris par le chauffard avec la famille.

La partie civile a d’ailleurs souhaité que soit citée cette phrase de Martin Luther King à l’audience, qui résume leur état d’esprit : « J’ai décidé d’opter pour l’amour. La haine est un fardeau trop lourd à porter. » L’avocat du chauffard, Me Marc Concas, avait demandé au tribunal une applicatio­n bienveilla­nte de la loi. « Nous n’avons pas affaire à un délinquant. »

Antoine M. a été condamné à 18 mois de prison avec sursis, annulation de son permis de conduire avec interdicti­on de le repasser avant quatre mois, ainsi que le paiement des frais de justice.

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