Les satellites pour surveiller notre espace maritime
La Marine nationale vient de se doter d’un nouveau système innovant permettant d’avoir en permanence un oeil sur la zone économique exclusive française afin de mieux la protéger.
Détenir le deuxième domaine maritime du monde – plus de 11 millions de km2 ! – est un atout pour la France. Une véritable richesse. Mais c’est aussi un sacré casse-tête quand il s’agit de surveiller et de protéger ces immenses espaces. Malgré le renouvellement de sa flotte, la Marine nationale n’a clairement pas suffisamment de moyens nautiques pour patrouiller aux quatre coins de notre zone économique exclusive (ZEE). Mais pour combattre la pêche illégale ou les trafics illicites, lutter contre la pollution, assurer la sécurité des lignes maritimes par laquelle la France s’approvisionne, ou même participer à une opération de sauvetage en mer, autant de missions qui constituent son quotidien, la Marine a peut-être trouvé la solution.
L’espace à la rescousse
Longtemps habitués à scruter les astres pour calculer leur position, c’est encore vers le ciel que les marins se tournent pour la surveillance de l’espace maritime français. Dans le cadre du contrat Trimaran III, signé pour les cinq prochaines années (2021 à 2025) avec la société CLS (Collecte Localisation Satellites), plus de 300 satellites vont ainsi être mobilisés 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 !
« Si le nombre de satellites utilisés est si important, c’est qu’on a recours à des satellites défilants, encore appelés “polaires”, qui tournent autour de la terre selon une trajectoire nord-sud. Or pour qu’ils repassent au-dessus du même point du globe, il leur faut trois jours. En multipliant leur nombre, on augmente la fréquence et on assure ainsi une couverture quasi en temps réel de l’ensemble du globe », explique Nadia Maaref, la directrice des applications de sécurité maritime à CLS. « Cette diversité des satellites permet également de varier les modes de prise de vue : radar et optique. On a donc toujours une solution à proposer à la Marine », ajoute Nadia Maaref.
Dix ans de travail
Mais où le système Trimaran III se distingue par rapport à ses prédécesseurs, c’est qu’il permet « de combiner l’imagerie satellite à d’autres données telles que l’AIS (système d’identification automatique des navires), les détections des radiofréquences émises par les navires ou encore les bases de données commerciales ». Sans préciser si CLS a été sollicitée pour la pollution aux hydrocarbures repérée dernièrement au large de la Corse – « le contenu des requêtes est confidentiel », précise-t-elle – Nadia Maaref confirme que « grâce à ce système Trimaran III, aboutissement de dix ans de travail, on peut effectivement, en recourant par exemple à la méthode des rétrodérives, trouver des candidats suspects ».
Mais aussi puissant soit-il, le système Trimaran III, pour lequel une vingtaine de personnes assurent une veille permanente à Brest et Toulouse, ne remplacera jamais les patrouilles physiques menées par de vrais navires de la Marine. « En revanche, on peut mieux orienter ces patrouilles vers les zones où ont été détectées des activités illicites ».