Frédérique Bel
Voilà une femme qui ne se prend pas la tête. Avec près de vingt ans de carrière à tout jouer, que ce soit au cinéma ou à la télévision, Frédérique Bel est arrivée au Festival TV de Monte-Carlo sans aucune pression. Entre deux tournages, elle rembobine le fil d’une carrière déjà impressionnante.
Monte-Carlo fut le premier festival avec du public, qu’est-ce que cela vous a fait ce retour à une certaine normalité ?
Quel soulagement de pouvoir enfin s’habiller, de quitter les joggings (rires). Durant ce confinement, j’ai découvert des talents cachés, je suis devenue architecte pour mon domicile. Cette année passée a été intéressante pour réfléchir, savoir ce que l’on avait envie de faire. J’ai pris ça comme une pause au final même si j’ai dû renoncer à des projets car les dates de tournages se chevauchaient mais j’ai réussi à garder le tournage du troisième volet Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu qui devrait sortir en octobre prochain. J’ai aussi participé à Ducobu qui a très bien marché en et le quatrième volet doit se tourner prochainement en Belgique. J’ai des franchises en fait (rires).
Est-ce que vous choisissez vos projets différemment ?
Non mais je me rends compte que l’industrie du cinéma boite un peu, surtout par rapport à la télévision. J’ai la chance d’être soutenue par UGC sur les prochains films mais j’ai d’autres films, L’Homme parfait et Permis de construire, qui vont se retrouver dans les embouteillages des sorties cinéma. On n’a aucune visibilité là-dessus. J’aime les projets avec du fond, de la forme, une comédie drôle, une romance tendre, il faut des sentiments humains. J’ai très envie de faire une comédie romantique.
Avec le recul, quel regard portez-vous sur vos débuts et notamment La Minute blonde qui était un programme novateur à l’époque ?
Je n’ai pas une ambition démesurée, j’ai fait ce métier par hasard. J’ai une nature qui me pousse à aller vers les gens, j’adore me faire rire, m’amuser. J’aime le sacerdoce de la comédienne qui doit faire rire les gens, les soulager au quotidien. J’essaie de venir éclairer la vie des gens, du coup je ne mets aucune pression. Quand je suis arrivée à Paris, je voulais simplement avoir mon programme court à h et faire marrer les gens. Tout ce qui arrive depuis, c’est du bonus.
Avez-vous eu peur d’être
cataloguée à un moment donné ?
Oui, c’est pour ça que je suis passée en brune. Puis on m’a donné un rôle de tueuse en série transsexuelle dans La Mante qui a très bien marché aux ÉtatsUnis, j’ai même eu les félicitations de Stephen King et du patron d’Apple. C’était mon César (rires). Une teinture de cheveux peut tout changer... puisque depuis j’ai eu accès à des rôles d’avocate, de tueuse, etc. J’ai joué à la femme enfant, en blonde, pour dire des choses horribles mais c’était du second degré. Quand vous ressemblez dans la vie au personnage que vous incarnez, les gens assimilent. Quand vous jouez une conne, tout le monde est persuadé que vous l’êtes un peu... Personne n’a jamais demandé à Alain Chabat s’il se sentait un peu chien après avoir joué Didier. Je suis montée très haut dans l’absurde mais pour comprendre l’absurdité, il faut un cerveau. Ça m’a lancé mais, à un moment, c’était compliqué pour des gens de concevoir qu’une femme pouvait être intelligente, rigolote et sexy. Dès que je suis passée en brune, j’ai eu accès à des choses plus profondes.
Vous rêviez de quoi, jeune ?
Être dessinatrice, faire des BD rigolotes. Je faisais les Beaux-arts d’ailleurs.