Monaco-Matin

Procès Troadec : un enregistre­ment fait ressurgir la haine familiale

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« Pour des sommes comme ça, on éradique des familles » : un enregistre­ment glaçant de 2014 est venu éclairer hier, devant la cour d’assises de LoireAtlan­tique, la haine familiale ayant conduit trois ans plus tard au quadruple meurtre de la famille Troadec. Il était attendu depuis plusieurs jours. Cet enregistre­ment du 5 juillet 2014, réalisé en cachette par Lydie Troadec qui avait dissimulé un dictaphone dans son soutien-gorge, illustre la tension extrême qui régnait au sein de la famille Troadec. Il met en scène les principaux protagonis­tes de l’affaire : Hubert Caouissin, jugé pour le quadruple meurtre de sa belle-famille, sa coaccusée et ancienne compagne Lydie Troadec, mais aussi le frère de cette dernière, Pascal Troadec, sa compagne Brigitte, et enfin Renée Troadec, mère de Pascal et Lydie. Brigitte et Pascal (49 ans), et leurs enfants Charlotte (18 ans) et Sébastien (21 ans) ont été tués à coups de pied de biche par Hubert Caouissin, à leur domicile d’Orvault, près de Nantes, dans la nuit du 16 au 17 février 2017. Lors de cette réunion familiale, organisée chez Renée à Guipavas (Finistère), il s’agit d’évoquer le « magot » d’or prétendume­nt volé par Pascal à sa mère Renée, mais dont personne n’a jamais vu la trace.

« On nous traite de voleurs »

Dès les premières minutes, le ton monte. « J’estime que j’ai le droit à la moitié de ce que vous avez pris » ,annonce Renée à Pascal et Brigitte, dans une ambiance tendue. « Maman, qu’estce qu’on t’a piqué ? », répond son fils, interloqué. « Bah, les pièces d’or » ,répond-elle. « Soit vous n’y êtes pour rien et vous n’avez rien à craindre. Soit vous avez quelque chose à vous reprocher et alors tant pis pour vous », lâche Hubert Caouissin, qui évoque « quelque chose de fabuleux », qui aurait été caché dans l’immeuble de ses beauxparen­ts à Brest. « De quoi changer la vie de tout le monde », décrit-il. « On nous traite de voleurs ! » s’énerve Brigitte. Le ton monte alors très vite, Pascal s’en prenant de manière virulente à Hubert et Lydie. S’ensuit une série de hurlements, de bruits de chaises et de bousculade­s.

« Tu sais, Pascal, que pour des sommes comme ça, on éradique des familles sans problème, tous, tous, tous…», lance Hubert quelques minutes après. Interrogé sur ses paroles menaçantes, l’ancien ouvrier de l’arsenal de Brest affirme qu’il était inquiet que «lefisc ou une bande organisée nous tombe dessus ». Et ce fameux trésor, « ça vient de vous M. Caouissin ? », interroge la présidente. « Non. C’est Renée qui nous a informés », rétorque-t-il.

Ce que cette dernière confirme. « C’est mon mari, soi-disant, il avait cassé un mur et il l’avait trouvé dedans ». Selon elle, Brigitte et Pascal ont « peut-être » volé ce trésor, qu’elle n’a jamais vu. Mais il est aussi « possible que l’or n’ait jamais existé ».

Le procès est prévu jusqu’au 9 juillet.

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