Émeutes à la mort d’Adama Traoré : son frère acquitté
Au procès des émeutes consécutives à la mort d’Adama Traoré, la cour d’assises du Val-d’Oise a accordé hier un acquittement retentissant à son frère Bagui, fustigeant la tenue de l’enquête qui l’a incriminé.
Cinq personnes étaient jugées depuis le 21 juin à Pontoise pour des tirs d’armes à feu sur les forces de l’ordre à Persan et Beaumont-surOise au cours de violences urbaines particulièrement intenses durant les nuits ayant suivi le décès du jeune homme noir de 24 ans, le 19 juillet 2016, peu après son arrestation par les gendarmes.
« La justice ne peut se passer de preuves »
Outre Bagui Traoré, son excompagne et un homme accusé d’avoir été l’un des tireurs ont été acquittés. En revanche, la cour a déclaré deux hommes coupables d’avoir été auteurs de tirs, et les a condamnés respectivement à 12 ans de réclusion criminelle et 8 ans d’emprisonnement, dont un an avec sursis, pour tentatives de meurtre sur des gendarmes.
« La justice ne peut pas se passer de preuves, or c’est ce qu’il s’est passé dans le cas de Bagui Traoré », a déclaré le président de la cour Marc Trévidic en lisant la motivation du verdict, prononcé après une trentaine d’heures de délibération dans ce dossier hors normes, avec 13 000 pièces cotées et quelque 90 parties civiles. L’ancien juge antiterroriste a eu des mots particulièrement durs pour l’enquête qui a désigné Bagui Traoré comme tireur ou donneur d’ordres lors des émeutes et a abouti, après 5 ans de procédure, à son renvoi devant les assises. « Personne, ni dans la procédure ni à l’audience, n’a indiqué l’avoir vu tirer sur des forces de l’ordre ou même s’être tenu à proximité d’un tireur. De même, personne ne l’a entendu donner des consignes ou avoir fourni une arme à feu. » Détenu depuis quatre ans et demi, notamment en raison d’autres condamnations, le « jumeau » de coeur d’Adama a toujours clamé son innocence.