Monaco-Matin

Mercantour :«Ona rouvert des axes majeurs »

L’été lancé, l’accès au Boréon rétabli, c’est au tour du parc national d’être attendu au tournant. Le défi : restaurer les sentiers les plus touristiqu­es, alors que la fréquentat­ion s’annonce forte.

- PROPOS RECUEILLIS PAR ANTOINE LOUCHEZ alouchez@nicematin.fr

Tous les yeux sont rivés sur le parc. La saison estivale lancée, la route du Boréon rouverte, c’est désormais le parc national du Mercantour qui est attendu au tournant. La tempête Alex a causé des dégâts (plus ou moins importants) sur 60 kilomètres de sentiers de randonnée de la zone coeur du parc, son joyau naturel, qui attire toujours plus de monde. Ces travaux seront réalisés sur trois ans, avec des priorités pour cet été : les axes les plus touristiqu­es, tels que la Grande Traversée du Mercantour (GTM), le haut Boréon, les Merveilles. Les choses avancent de jour en jour. Mais pas assez vite, notamment du côté du Boréon et de Saint-Martin-Vésubie, qui reprochent au parc de ne pas faire sa part du travail, ou d’envoyer de mauvais signaux. La directrice, Aline Comeau, fait le tour de la question.

Où en sont les travaux ?

On a des dégâts en Vésubie, enRoya.Ilyakmde sentiers à refaire au coeur de parc, il y en a pour

, millions d’euros. Sur  tronçons fermés, on en a sécurisé . On a fait un énorme travail de diagnostic tout au long de l’hiver et notre carte interactiv­e en mars. Nous n’avons pas les mêmes moyens que la Métropole.

On a rassemblé des fonds, mobilisé des entreprise­s, on a plus de  ouvriers sur le secteur… Évidemment, on ne peut pas satisfaire tout le monde en un mois. Mais on estime qu’en ayant restauré une grande partie de la Grande Traversée du Mercantour, tous les accès aux Merveilles puis celui à la Cougourde grâce à l’aide du départemen­t, on a déjà assuré un capital touristiqu­e au  juillet.

Quels gros chantiers encore cet été ?

On doit encore rétablir l’accès entre la Madone de Fenestre et le pas des Ladres. Ainsi que la boucle du Countet dans la Gordolasqu­e, car on pense que beaucoup de gens vont s’y rendre. On mettra notre carte à jour au fur et à mesure.

Alors que la route du Boréon est rouverte depuis le  juillet, les habitants estiment que le parc ne faisait pas sa part du boulot, en maintenant de nombreux sentiers fermés…

Je trouve ça injuste. On a rouvert des axes majeurs en un mois et demi, sachant qu’on ne peut pas intervenir avant la fonte des neiges, que les travaux sont difficiles d’accès. Là, on a devant nous l’équivalent de  ans de travaux en termes

Aline Comeau, directrice du parc national du Mercantour.

de coût, qu’on veut faire sur trois ans. Cela ne concerne pas que le Boréon. On a été obligé de prioriser, en fonction des accès aux refuges et de la Grande Traversée du Mercantour. On a privilégié les endroits les plus touristiqu­es. Tout a été coordonné avec le Départemen­t, mais aussi la Métropole.

Les critiques viennent probableme­nt du fait que le parc est très attendu, sur la question…

On en est conscient, depuis la tempête. On fait de notre mieux. Il faut savoir qu’on a délivré trois fois plus d’autorisati­ons (de travaux, d’héliportag­es…) que d’habitude, dans des délais records. Nous sommes conscients d’être un acteur central de l’attractivi­té du territoire.

On vous reproche le manque de nuance : interdicti­on sur des sentiers peu touchés ou très touchés… Même le maire de Saint-MartinVésu­bie en a parlé.

Les secteurs en question ont été restaurés, le débat est clos. Après, oui, il y a une question d’appréciati­on. Des montagnard­s aguerris estimeront qu’un chemin est très praticable. Mais nous avons parfois affaire à des gens qui peuvent se perdre et sauront trouver le parc pour la responsabi­lité juridique. On a déjà récupéré des gens en détresse sur des chemins moyens. Imaginez, le monde, si on n’avait pas mis les panneaux… On ne rigole pas avec la responsabi­lité. Et je rappelle que les maires aussi ont leur responsabi­lité, ils prennent les arrêtés d’interdicti­on. Beaucoup d’entre eux étaient contents qu’on propose une expertise. Nous avons des gardes qui connaissen­t la montagne et notre public. On a pris des précaution­s, oui. On n’a pas envie d’amener nos promeneurs dans des galères, sinon ils ne reviendron­t plus. C’est une polémique dont on se serait bien passé. On a besoin de se serrer les coudes. On est aux côtés des population­s, on est attentifs à chacun de nos refuges.

Le risque était peut-être d’envoyer un mauvais message ?

Notre carte voulait aussi montrer qu’on peut faire beaucoup de randonnées. Notre message, c’est :

« Venez dans le Mercantour, il y a plus de sentiers ouverts que de sentiers rouges et interdits ». Notre objectif, c’est de faire venir des gens. On règle des comptes avec le parc, ça date d’un autre âge… On a l’impression d’être le bouc émissaire de tous les problèmes.

Comment voyez-vous la fréquentat­ion du parc cetété?

Je suis certaine que ce sera une très belle saison. Sur le col de la Bonette, on a le double de la fréquentat­ion par rapport à l’an dernier, rien que sur le mois de juin. On a d’ailleurs une préoccupat­ion sur la gestion de cette fréquentat­ion. On s’attend à beaucoup de monde sur certains sites, comme la Gordolasqu­e. Sur Allos, on a mis en place un dispositif pour éviter l’effet Covid de l’an dernier : saturation, comporteme­nts balnéaires, camping… Les retours sont encouragea­nts. On rappelle aux gens qu’il y a plein d’alternativ­es : par exemple, faire les Merveilles sur plusieurs jours.

En tout cas, je suis certaine que les refuges feront une bonne saison.

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(Photo A. L.)

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