Mercantour :«Ona rouvert des axes majeurs »
L’été lancé, l’accès au Boréon rétabli, c’est au tour du parc national d’être attendu au tournant. Le défi : restaurer les sentiers les plus touristiques, alors que la fréquentation s’annonce forte.
Tous les yeux sont rivés sur le parc. La saison estivale lancée, la route du Boréon rouverte, c’est désormais le parc national du Mercantour qui est attendu au tournant. La tempête Alex a causé des dégâts (plus ou moins importants) sur 60 kilomètres de sentiers de randonnée de la zone coeur du parc, son joyau naturel, qui attire toujours plus de monde. Ces travaux seront réalisés sur trois ans, avec des priorités pour cet été : les axes les plus touristiques, tels que la Grande Traversée du Mercantour (GTM), le haut Boréon, les Merveilles. Les choses avancent de jour en jour. Mais pas assez vite, notamment du côté du Boréon et de Saint-Martin-Vésubie, qui reprochent au parc de ne pas faire sa part du travail, ou d’envoyer de mauvais signaux. La directrice, Aline Comeau, fait le tour de la question.
Où en sont les travaux ?
On a des dégâts en Vésubie, enRoya.Ilyakmde sentiers à refaire au coeur de parc, il y en a pour
, millions d’euros. Sur tronçons fermés, on en a sécurisé . On a fait un énorme travail de diagnostic tout au long de l’hiver et notre carte interactive en mars. Nous n’avons pas les mêmes moyens que la Métropole.
On a rassemblé des fonds, mobilisé des entreprises, on a plus de ouvriers sur le secteur… Évidemment, on ne peut pas satisfaire tout le monde en un mois. Mais on estime qu’en ayant restauré une grande partie de la Grande Traversée du Mercantour, tous les accès aux Merveilles puis celui à la Cougourde grâce à l’aide du département, on a déjà assuré un capital touristique au juillet.
Quels gros chantiers encore cet été ?
On doit encore rétablir l’accès entre la Madone de Fenestre et le pas des Ladres. Ainsi que la boucle du Countet dans la Gordolasque, car on pense que beaucoup de gens vont s’y rendre. On mettra notre carte à jour au fur et à mesure.
Alors que la route du Boréon est rouverte depuis le juillet, les habitants estiment que le parc ne faisait pas sa part du boulot, en maintenant de nombreux sentiers fermés…
Je trouve ça injuste. On a rouvert des axes majeurs en un mois et demi, sachant qu’on ne peut pas intervenir avant la fonte des neiges, que les travaux sont difficiles d’accès. Là, on a devant nous l’équivalent de ans de travaux en termes
Aline Comeau, directrice du parc national du Mercantour.
de coût, qu’on veut faire sur trois ans. Cela ne concerne pas que le Boréon. On a été obligé de prioriser, en fonction des accès aux refuges et de la Grande Traversée du Mercantour. On a privilégié les endroits les plus touristiques. Tout a été coordonné avec le Département, mais aussi la Métropole.
Les critiques viennent probablement du fait que le parc est très attendu, sur la question…
On en est conscient, depuis la tempête. On fait de notre mieux. Il faut savoir qu’on a délivré trois fois plus d’autorisations (de travaux, d’héliportages…) que d’habitude, dans des délais records. Nous sommes conscients d’être un acteur central de l’attractivité du territoire.
On vous reproche le manque de nuance : interdiction sur des sentiers peu touchés ou très touchés… Même le maire de Saint-MartinVésubie en a parlé.
Les secteurs en question ont été restaurés, le débat est clos. Après, oui, il y a une question d’appréciation. Des montagnards aguerris estimeront qu’un chemin est très praticable. Mais nous avons parfois affaire à des gens qui peuvent se perdre et sauront trouver le parc pour la responsabilité juridique. On a déjà récupéré des gens en détresse sur des chemins moyens. Imaginez, le monde, si on n’avait pas mis les panneaux… On ne rigole pas avec la responsabilité. Et je rappelle que les maires aussi ont leur responsabilité, ils prennent les arrêtés d’interdiction. Beaucoup d’entre eux étaient contents qu’on propose une expertise. Nous avons des gardes qui connaissent la montagne et notre public. On a pris des précautions, oui. On n’a pas envie d’amener nos promeneurs dans des galères, sinon ils ne reviendront plus. C’est une polémique dont on se serait bien passé. On a besoin de se serrer les coudes. On est aux côtés des populations, on est attentifs à chacun de nos refuges.
Le risque était peut-être d’envoyer un mauvais message ?
Notre carte voulait aussi montrer qu’on peut faire beaucoup de randonnées. Notre message, c’est :
« Venez dans le Mercantour, il y a plus de sentiers ouverts que de sentiers rouges et interdits ». Notre objectif, c’est de faire venir des gens. On règle des comptes avec le parc, ça date d’un autre âge… On a l’impression d’être le bouc émissaire de tous les problèmes.
Comment voyez-vous la fréquentation du parc cetété?
Je suis certaine que ce sera une très belle saison. Sur le col de la Bonette, on a le double de la fréquentation par rapport à l’an dernier, rien que sur le mois de juin. On a d’ailleurs une préoccupation sur la gestion de cette fréquentation. On s’attend à beaucoup de monde sur certains sites, comme la Gordolasque. Sur Allos, on a mis en place un dispositif pour éviter l’effet Covid de l’an dernier : saturation, comportements balnéaires, camping… Les retours sont encourageants. On rappelle aux gens qu’il y a plein d’alternatives : par exemple, faire les Merveilles sur plusieurs jours.
En tout cas, je suis certaine que les refuges feront une bonne saison.