Monaco-Matin

Avec la route, la vie reprend dans le Boréon

Depuis avant-hier, touristes et locaux peuvent à nouveau accéder au parc national du Mercantour. Certains étaient déjà au rendez-vous, impatients de retrouver ce site « sacré ».

- ALICE DAVID adavid@nicematin.fr

Passé Saint-Martin-Vésubie, les automobili­stes ont le choix : à gauche direction La Colmiane ou tout droit vers le Boréon. Enfin ! Neuf mois après le passage – et les ravages – de la tempête Alex, la route qui mène au parc national du Mercantour a rouvert vendredi en fin d’après-midi [Nice-Matin de jeudi]. Alors, dès hier, certains ne se sont pas fait prier pour y retourner. Vélos et voitures s’engagent sur ce nouvel axe routier. À certains endroits, l’asphalte est flambant neuf. D’autres tronçons sont partiellem­ent recouverts de gravier. Et la voie s’ouvre sur le massif du Boréon. Éventré. Le vert des sapins contraste avec le lit rocailleux du cours d’eau.

Des touristes, des locaux et des « ficanas » ?

« Pendant tout le chemin, j’avais la gorge nouée », confie Jean-Pierre qui a habité pendant dix ans à Lantosque avant de déménager dans le Var. À ses côtés, Géraldine acquiesce : « On n’était pas revenu depuis des années au Boréon. Ça fait bizarre. » Avec des amis varois, ils s’apprêtent à passer le week-end en forêt. Sac sur le dos, voiture garée après le lac. La troupe est fin prête. « Quand j’ai appelé le refuge de la Cougourde, il restait des places. En général à cette période, c’est blindé », signale JeanPierre. En fin de matinée, devant le chalet d’accueil du Boréon, l’affluence est modérée. Des familles, venues principale­ment du coin, sont montées. Mais l’endroit n’est pas pris d’assaut. Maintenant que l’accès est rétabli, les touristes et habitués reviendron­t-ils dans cet endroit «sacré» comme d’aucuns le qualifient ? Martial, le responsabl­e du restaurant L’Ô à la bouche, ne s’inquiète pas malgré la petite dizaine de réservatio­ns seulement pour le déjeuner : « Ce n’est pas violent. Il faut attendre le 14-Juillet. » Le temps que les vacanciers arrivent et que le message de réouvertur­e du massif continue de circuler…

De la sortie du village de Saint-Martin-Vésubie au parking de la Vacherie, la route a été rétablie. Les premiers visiteurs l’ont empruntée vendredi en fin d’après-midi. Trop endommagé, l’hôtel du Boréon, en face du lac, reste porte close.

Les randonneur­s étaient de retour hier dans le massif du Boréon. Certains avaient décidé de passer la nuit dans le refuge de Cougourde qui n’affichait pas complet mais presque !

« On aurait dit qu’on lâchait les fauves »

Quant à la clientèle, sera-t-elle la même que d’habitude ? « Avec quelques ficanas [curieux, ndlr]en plus qui monteront pour voir l’ampleur des dégâts », taquine Martial. Patricia qui se balade en famille aux abords du restaurant avoue avoir été poussée par la curiosité. Elle et ses proches arrivent de Belvédère : « Ça fait désastreux mais il y a eu beaucoup de boulot qui a été fait. On est monté pour voir et on en profite pour faire un petit tour. » Sa mère, Yvette, a déjà prévu de revenir la semaine prochaine : «À chaque fois que l’on a des invités à la maison, on vient toujours ici pour boire un verre ou manger. »

Si le parc Alpha et le mur d’escalade ne sont pas encore accessible­s au public, le chalet d’accueil du Boréon, lui, vit sa première journée de réouvertur­e. «Ça redémarre, ça va le faire ! », positive Sophie Barberis, adjointe au directeur de la régie du Boréon. Même enthousias­me plus haut, au restaurant L’Alpage. L’établissem­ent est tenu par Delphine Tieran et affiche complet pour son premier service du midi depuis des mois. « On a principale­ment des habitués, des clients-amis. Ils ont commencé à réserver il y a deux jours parce qu’on a communiqué sur la réouvertur­e de la route. D’ailleurs, dès vendredi en fin d’après-midi on a vu du monde arriver », sourit-elle. Avant d’ironiser : « On aurait dit qu’on avait lâché les fauves ! »

À côté, le parking de la Vacherie se remplit. Les coffres des voitures s’ouvrent, des randonneur­s enfilent leur sac à dos.

Un groupe d’une dizaine de jeunes se préparent à passer le weekend dans le parc. Ils ont réservé leur nuitée au refuge de Cougourde dont Manuel Putelat est le gardien : « Ça fait vraiment un contraste entre [vendredi] et [hier]. On n’est pas complet mais presque. Et ça fait du bien. C’est plutôt des habitués, des gens qui attendaien­t de revenir. Et on est là pour les accueillir ! »

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