Luca Martin champion de France à domicile
Le Néerlandais de 34 ans remporte en solitaire une étape très vallonnée. Guillaume Martin réalise, lui, la belle opération, en grimpant à la deuxième place du général.
Les principaux adversaires de Tadej Pogacar n’ont pas voulu se livrer à la veille de la première véritable étape pyrénéenne, aujourd’hui en direction d’Andorre-la-Vieille, avec quatre cols, dont le Port d’Envalira à 2408 m d’altitude. Cette 14e étape, dans les contreforts pyrénéens, en pays cathare, aurait pu réserver une première bataille entre les candidats au podium, notamment avec le col Saint-Louis (4,7 km à 7,4 %) dont le sommet était situé à moins de 17 kilomètres de l’arrivée. Mais les hommes forts de cette première moitié de Tour ont signé une trêve tacite et sans doute de courte durée. Cette journée disputée sous la chaleur aura surtout servi à tester les forces des baroudeurs. Après de multiples tentatives d’échappées en début d’étape, dont encore Julian Alaphilippe, le bon coup est parti en plusieurs groupes à mi-parcours. Quatorze hommes, dont cinq Français (Rolland, Pacher, Gesbert, Madouas et Martin), deux candidats au maillot à pois (Woods, qui le portera ce matin et Poels), et quelques valeurs sûres des grands Tours (Chaves, Cattaneo, Meintjes, Konrad, Higuita, Fraile et Mollema). Autant dire que pour les Tricolores, la mission de remporter l’étape à Quillan était loin d’être aisée. Mais ce n’est pas forcément à la pédale que les Français ont craqué. Mollema s’est imposé en solitaire en faisant preuve d’audace, en partant seul à 35 kilomètres de l’arrivée. Il restait alors un bon tronçon de plaine et ce col SaintLouis à escalader. Mais le Néerlandais, déjà troisième à Malaucène, a parfaitement géré son effort pour conserver 1’04’’ d’avance sur Konrad,
signant une deuxième victoire d’étape sur le Tour après Le Puy-en-Velay en 2017.
« Dans l’équipe, on se bat pour la victoire d’étape, en prenant les échappées depuis quelques jours », a développé Mollema. « J’avais cette étape en tête depuis plusieurs jours et aujourd’hui, j’avais les jambes pour ça. On est parti à bloc dans l’échappée, mais je me sentais bien, j’ai pris confiance et je me suis dit qu’il fallait que je parte de loin parce qu’il y avait beaucoup de coureurs forts. »
Martin : « J’ai envie de prendre des risques »
Une prise de risque tactique payante pour ce coureur expérimenté, qui compte quand même trois « top 10 » sur le Tour (6e en 2013). Les téméraires ont été récompensés hier. Guillaume Martin, 11e de l’étape, n’est pas parvenu à décrocher cette fameuse étape après laquelle il court depuis le début de ce Tour. Mais le Normand a toutefois signé la magnifique opération du jour en reprenant 5’25’’ à tous les favoris. Neuvième à à 9’29’’ hier matin, le grimpeur ne cesse de remonter au classement général, ce qui n’était pas du tout son objectif initial, à force de prendre les bons coups et de grignoter du temps. D’ailleurs, les Education First de Rigoberto Uran ont pris les commandes du peloton dans la dernière demiheure de course pour éviter que l’addition ne soit encore plus salée.
Martin a sans doute vidé une bonne partie de son réservoir, alors que quatre étapes de montagne se dressent devant lui, mais le retrouver à la deuxième place du général, avec 1’14’’ d’avance sur Uran, à une semaine de Paris est déjà un exploit.
« Je suis content du tempérament agressif que j’ai montré. J’ai envie de prendre des risques, j’espère que je ne vais pas le payer demain (aujourd’hui), mais là je suis content », a réagi à chaud le meilleur Français du dernier Tour (11e). « Au début, j’avais dans l’idée de passer la journée tranquille dans le peloton, mais j’ai saisi cette opportunité, même si elle est risquée car ça n’a pas débranché de la journée et j’ai dépensé beaucoup d’énergie pour prendre l’échappée et la faire vivre. J’étais déshydraté en fin d’étape ».
La journée sans aujourd’hui vers la principauté andorrane ? Une éventualité tout à fait plausible, pour celui qui était déjà 3e du Tour l’an passé après 12 étapes, avant de craquer dans la traversée du Massif central. «Demain (aujourd’hui), c’est une grosse journée, elle pourrait être difficile pour moi après les efforts consentis aujourd’hui (hier) , je vais devoir m’accrocher et on fera les comptes lundi (journée de repos) ».
Martin, revenu à 4’04’’ de Pogacar, ne représente toutefois pas une menace pour le Slovène. « On a toujours une bonne marge et après deux heures très rapides, on a pu s’économiser. Je suis confiant, mais il faudra tout de même rester vigilant sur les prochaines étapes ».
Pour ça, on peut lui faire confiance.