Monaco-Matin

Guillaume Martin, dauphin de Pogacar

Clément Russo a tenu plus d’une semaine avec plusieurs côtes fracturées. Mais mercredi, avant d’affronter le Ventoux, l’Antibois d’Arkéa-Samsic a dû renoncer, la mort dans l’âme.

- PROPOS RECUEILLIS PAR ROMAIN LARONCHE

Clément Russo n’imaginait pas finir son Tour ainsi. L’Antibois d’adoption, tombé dès la première étape, se fracturant plusieurs côtes, a dû se résoudre à l’abandon mercredi dans la terrible étape du Ventoux. Sa copine Carole, qui avait fait le déplacemen­t depuis la Côte d’Azur pour l’encourager sur le bord de la route, l’a ramené chez eux. Vendredi soir, le temps de digérer ce premier abandon sur la Grande Boucle, ce solide rouleur de 26 ans est revenu sur son aventure écourtée.

On imagine qu’il y a de la déception...

C’est sûr. Je suis tombé dès la première étape, deux fois. Lors de la chute collective avec la pancarte Opi-Omi mais je ne me suis pas fait mal, puis en descente à  kilomètres de l’arrivée, à - km/h. La radio qui nous permet de communique­r entre nous m’a écrasé les côtes. Résultat, je me suis fait mal, avec deux côtes fracturées. Mais plus les jours passaient, plus ça allait. Malheureus­ement, la douleur a fini pour me rattraper.

C’est impossible de courir ce Tour diminué ?

Le Tour, c’est déjà dur, exigeant. Ça ajoute une sacrée difficulté avec cette blessure. Mais je m’accrochais. Je ne voulais pas m’apitoyer sur mon sort, j’espérais que ça allait passer. À froid, le matin et le soir, je souffrais mais, pendant la course, ça allait mieux. Malheureus­ement, pendant la journée de repos (lundi, ndlr) ,la douleur s’est accentuée. Ce n’était plus supportabl­e et en continuant, je prenais le risque que ça s’aggrave. Dès que je contractai­s les abdos, j’avais mal.

Vous avez continué, parce que c’était le Tour ?

Oui clairement. Je voulais aller de l’avant, me remobilise­r parce que c’est l’épreuve la plus importante, mais une chute, ce n’est jamais anodin. J’ai même pu faire mon boulot pour Nacer (Bouhanni) sur certaines arrivées, grâce à l’adrénaline. C’est frustrant, énervant d’abandonner, de laisser les copains…

D’autant que ce jour-là (mercredi), Nacer a perdu son train (McLay a aussi abandonné)…

Oui, on n’est plus là pour l’aider, alors qu’il est passé proche de la victoire plusieurs fois (une fois e, deux fois e). S’il arrive à s’imposer, même sans nous, je serai ravi.

Beaucoup de sprinteurs ont abandonné. S’il passe les Pyrénées, il aura deux belles occasions (Libourne et Paris) ?

Oui, Nacer est fatigué après les Alpes et le Ventoux, il est tombé (encore vendredi), mais il n’a pas abdiqué. Les autres sprinteurs sont aussi diminués. Les conditions météo de la première semaine, l’intensité, le parcours : la première semaine a laissé des traces.

Je n’ai pas un gros recul (une participat­ion au Tour l’an passé qu’il a terminé à la e place), mais ceux qui ont plus d’expérience disent que c’est le début de Tour le plus difficile qu’ils n’ont jamais connu.

Vous êtes confiant pour Nairo Quintana et Warren Barguil dans les Pyrénées (*) ?

Nairo va se battre pour le maillot de meilleur grimpeur (il l’a perdu hier au profit de Michael Woods). Warren est tombé plusieurs fois, il a eu du mal dans les Alpes, j’ai eu peur qu’il abandonne samedi. Mentalemen­t, on l’a soutenu comme on pouvait. Mais c’est un champion et un mec qui aime la e semaine. Il peut montrer de belles choses.

Quelle est la suite pour vous ?

Déjà récupérer. J’ai repassé des examens à Antibes ce matin (vendredi), j’ai probableme­nt trois côtes cassées en non deux. Pour que ça consolide, il n’y a qu’une solution, c’est le repos total. Je vais me soigner avant de parler de date de reprise de l’entraîneme­nt ou de la compétitio­n.

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C’est frustrant de laisser les copains ”

* Interview réalisée avant l’abandon de Warren Barguil, qui n’a pas pris le départ de la 14e étape hier midi (lire l’encadré cicontre).

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(Photo AFP) Clément Russo (ici à droite avec Warren Barguil) : « La douleur n’était plus supportabl­e. En continuant, je prenais le risque que ça s’aggrave ».

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