Monaco-Matin

Course à la vaccinatio­n Chez les soignants, « cette obligation a du mal à passer »

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

« Je n’ai pas trop confiance. Je ne comprends pas pourquoi le vaccin devient une obligation. » Assis sur les marches de l’hôpital Pasteur 2, à Nice-Est, ce brancardie­r de 54 ans confie son dépit. Il préfère rester anonyme. Mais sa défiance fait écho à celle de nombreux collègues, au lendemain de l’annonce de la vaccinatio­n obligatoir­e des soignants. « La Covid, elle y est, on le sait. Mais imposer aux gens de faire quelque chose, c’est un peu une dictature ! » Le grand mot est lâché. Ce quinqua n’en démord pas : se vacciner ou pas, « c’est ma vie, c’est mon choix ». Sauf que la donne a changé. Alors il se résigne : « On va être obligé d’être vacciné ».

« On y est obligé pour survivre »

Une collègue aide-soignante, 37 ans, partage sa pause et son avis. Elle aussi va passer par la case vaccin. « Sinon, on perd notre salaire, on ne peut plus venir travailler… Or on y est obligé pour survivre. De toute façon, à partir du mois d’août, on ne peut pas faire grand-chose sans le passeport (sic). » Elle est résolue à se faire vacciner « dès que possible », pour « ses petits » . Un groupe d’agents administra­tifs prend sa pause devant l’hôpital. Vaccin incontourn­able pour eux aussi. « Cela aurait dû l’être depuis le début, pour tous », estime Aurélie, 35 ans, de la pharmacie de Pasteur 2.

« Je vais plier, à contrecoeu­r »

Elle est vaccinée de longue date, pour cause de comorbidit­é. Cela ne l’empêche pas d’être « outrée. On nous cible, nous, alors que nous avons beaucoup souffert pendant la crise - et que nous avons été oubliés pour la prime. » La CGT Santé pousse un cri de colère similaire, dans un communiqué publié hier : « Nous refusons d’être stigmatisé­s et montrés du doigt en nous faisant porter la responsabi­lité de la propagatio­n du virus ! »

Pour Aïda, 38 ans, « il faut laisser le libre choix de se faire vacciner ou pas. On n’a pas assez de recul sur ce vaccin. »

Même avec plus de trois milliards de doses administré­es dans le monde. Virginie, 38 ans et agent administra­tive elle aussi, est tout aussi sceptique. Mais elle va « plier. À contrecoeu­r. J’ai

Héloïse et Laurence, aides-soignantes à l’hôpital Pasteur , se résignent au vaccin malgré leurs réticences.

besoin de payer mes crédits et ma nourriture. »

Même dilemme pour l’équipe de brancardie­rs de Laurence, 46 ans. Bien que réfractair­e au vaccin, cette aide-soignante est l’une des rares à avoir reçu une première dose. « La plupart étaient contre. Maintenant, ils vont se faire vacciner. »

Pour sa collègue Héloïse, 30 ans, cette « obligation a du mal à passer. Pourquoi nous plus que les autres ? » Sans doute parce que les soignants côtoient les plus fragiles. L’argument ne convainc pas Héloïse. « Nous sommes les mieux protégés, les mieux équipés. » N’empêche. Héloïse n’a « pas du tout l’envie de perdre (s) on emploi et (s) on statut. Donc on va y passer. »

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(Photo Eric Ottino) Marie, agent hospitalie­r à Pasteur  à Nice, se dit prête à démissionn­er plutôt que de se faire vacciner.

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