Les restaurateurs en colère
Christophe Souques, vice-président de l’UMIH, le syndicat des restaurateurs, et propriétaire de cinq établissements à Nice, ne décolère pas. Les mesures présidentielles « stigmatisent » une nouvelle fois sa profession. Rendre le pass sanitaire obligatoire dès le 1er août est même « techniquement impossible », souligne-t-il. Tout comme l’obligation de « fliquer » les clients. Il demande un délai.
« L’essentiel de nos employés a entre 18 et 30 ans, rappelle-t-il. Ils n’ont jamais été une cible prioritaire de la vaccination qui était d’abord réservée aux plus âgées, puis aux personnes fragiles, à certaines professions mais pas la nôtre… À l’époque, quand un jeune de 20 ans voulait se faire vacciner, on le regardait presque comme un assassin, rappelle-t-il. D’un coup, il faudrait qu’ils le soient tous avant le 1er août, pour pouvoir travailler… »
Il demande de « patienter un peu »
Christophe Souques rappelle que c’est techniquement impossible : « Il y a un délai incompressible d’un mois pour avoir ses deux doses. » Un peu injuste aussi : « les soignants ont, eux, jusqu’au 15 septembre » pour acquérir leur immunité. Sur le principe, le vice-président de l’UMIH n’est pas contre la vaccination. Il a d’ailleurs sollicité la ville de Nice pour transformer l’un de ses restaurants en centre mobile pour les personnels de la restauration. En attendant, il demande juste au gouvernement de « patienter un peu »... Et a finalement obtenu gain de cause puisqu’Olivier Véran a annoncé un répit d’un mois (lire en page 2).
« On est morts pour la saison ! »
Ce professionnel se pose aussi bien des questions. Juridiques, notamment : «Etsiundemes employés refuse de se faire vacciner, j’en fais quoi ? Je le licencie ? » Christophe Souques ne veut pas s’engouffrer dans ce « vide juridique » au risque de se retrouver demain devant les prud’hommes. Il se demande aussi comment il pourra faire respecter l’obligation de vaccination à ses clients : « Ça va être coton ! »
« Il va falloir qu’on flique nos clients », résume Christophe Souques. Du moins, ceux qui n’auront pas déserté. Car ce que redoute avant tout ce professionnel, c’est une baisse drastique de la fréquentation des restaurants. « Tous les pays qui ont mis en place une telle mesure l’ont constaté, assure-t-il. Car même si c’est le rush aujourd’hui pour se faire vacciner, les gens n’auront pas leur pass avant un mois. Et ils ne vont pas se faire faire un test PCR tous les 3 jours juste pour venir manger chez nous. On est morts pour la saison ! »
Christophe Souques, vice-président des restaurateurs niçois.
(Eric Ottino)