Monaco-Matin

« Une oeuvre sur la Prom’ en mémoire des victimes »

Le monument devra faire consensus chez les familles des 86 victimes du 14-Juillet qui se sont accordées sur le lieu : au niveau du Palais de la Méditerran­ée, où s’est arrêté le camion.

- Stéphanie Gasiglia sgasiglia@nicematin.fr

Ce devrait être un jour de fête. Mais malheureus­ement pour Nice, cela restera pour longtemps la commémorat­ion d’une tragédie. Une cicatrice qui ne sera jamais totalement refermée », entame Christian Estrosi. Mais le maire veut aussi voir le chemin parcouru. Celui de la résilience. Et du devoir de mémoire. « On n’a pas le droit de laisser faire l’oubli », dit-il, se souvenant de ce 14 juillet 2016, comme si c’était hier.

Cinq ans ont passé…

Et les images me reviennent tous les jours de toute l’année. Il n’y a pas une seule journée où quelque chose ne se réveille et fasse apparaître les terribles images, même si, bien sûr, j’ai moins le droit que d’autres de montrer des faiblesses.

Nice est encore traumatisé­e ?

On ne mesure pas forcément que nous avons dû faire face, ce soir-là, à plus de  accidents de la route en moins de quatre minutes. Ça a été une épreuve redoutable pour le corps médical. Cinq ans ont passé et on n’oublie pas la longue chaîne des victimes et leurs familles. Mais aussi les victimes collatéral­es, les Niçois traumatisé­s, les primo intervenan­ts, les forces de l’ordre, les pompiers et tous les agents qui ensuite ont dû remettre en ordre la Prom’ en  heures. Quel combat ! On le devait aux familles et à tous les Niçois. Des agents de la voirie, des espaces verts, en restent encore extrêmemen­t choqués. Jusqu’aux psys qui ont eu aussi besoin d’un psy… Pas un seul niçois en réalité n’a été épargné. Dans les collèges, dans les écoles, après avoir apposé des plaques pour les petites victimes de la Shoah, on a dû poser des plaques pour les victimes de l’attentat… Le travail mémoriel est aussi, sinon plus important que le seul monument d’hommage aux victimes.

Où ce monument va-t-il trouver sa place ?

Tous les gestes, les attentions de gens qui avaient été déposés au kiosque juste après l’attentat, nous les avons archivés et protégés avec l’idée d’avoir une maison du souvenir du -Juillet qui comprendra un centre d’étude. Nous y travaillon­s. L’oubli peut vite prendre le dessus et c’est important, ne serait-ce qu’à titre éducatif, de ne pas laisser faire l’oubli. La mémoire ne doit pas se limiter à un monument, mais il y en aura un, bien sûr. Je souhaite que ce soit un choix partagé par toutes les familles de victimes. Il doit faire consensus au sein des associatio­ns et autant que faire se peut chez les Niçois.

Vous avez avancé sur le dossier ?

Le comité pour la mémoire s’est réuni  fois depuis sa création, le  octobre . Le  juin , a été décidé de pérenniser le mémorial dans les jardins de la villa Masséna. C’est un lieu protégé. Nous l’avons modifié cette année : le coeur qui surplombe la fontaine est plus grand et éclairé la nuit. Nous avons ajouté un jet d’eau dans la fontaine. Il y a aussi un nouveau pupitre pour le libre hommage. Pour le monument, j’ai proposé la colline du château avec une oeuvre que l’on verrait de la Prom’, de la mer, du ciel, au-dessus de la tour Bellanda ! Soit un monument sur la Prom’. Les associatio­ns ont opté pour la Prom’. Je me suis rangé à leur choix. C’est décidé depuis le  décembre dernier.

Quel sera ce monument ?

Le  juin, j’ai proposé une colombe de Théo Tobiasse :  m de hauteur, en acier, qui peut se regarder de tous les côtés, avec la possibilit­é de graver le nom des  victimes sur le socle et de l’éclairer. C’était un message de paix et de liberté. Mais cette propositio­n n’a pas été retenue par les associatio­ns du -Juillet. Elles veulent une oeuvre spécialeme­nt conçue pour les  victimes. Je respecte. En septembre, nous allons établir un cahier des charges, je vais leur demander de choisir un symbole, un geste architectu­ral, une matière, une grandeur, une couleur… Et on lancera le marché public.

Connaissez-vous déjà le lieu ?

Les trois associatio­ns se sont accordées sur la Prom’, au niveau du palais de La Méditerran­ée, là où s’est arrêté le camion, mais ce n’est pas encore figé. Et je vais proposer aux familles des victimes de l’attentat de Notre-Dame la colombe de Tobiasse, si ça leur convient. Et pour la colline du château, nous allons lancer un concours internatio­nal, pour une oeuvre plus haute, plus élevée, pour toutes les victimes du terrorisme.

Vous évoquiez une plaie qui ne cicatriser­a jamais vraiment, mais Nice s’est-elle relevée ?

Oh oui ! Nice est bien debout, Nice a mis toute sa puissance et sa force pour se relever de la tragédie. Ils pensaient nous mettre à terre ? Regardez les millions de gens qui viennent sur la prom. Regardez l’attractivi­té de la Ville, elle n’a jamais été aussi forte. Les flux économique­s ont augmenté. Regardez la solidarité des grandes instances sportives : après le Tour de France, nous allons avoir  rencontres de la Coupe du monde de rugby à Nice, avec  % déjà vendu. Et en , des épreuves de football des JO de paris. Sans oublier, dans quelques jours, la réponse de l’Unesco pour classer Nice au patrimoine mondial…

‘‘ La mémoire ne doit pas se limiter àun monument ”

‘‘ Ohoui! Nice est bien debout ”

 ?? (Nice-Matin et DR) ?? Suggérée par le maire Christian Estrosi, la colombe de Théo Tobiasse n’a pas été retenue. Elle sera proposée comme monument en hommage aux victimes de l’attentat de Notre-Dame, en octobre .
(Nice-Matin et DR) Suggérée par le maire Christian Estrosi, la colombe de Théo Tobiasse n’a pas été retenue. Elle sera proposée comme monument en hommage aux victimes de l’attentat de Notre-Dame, en octobre .
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