Monaco-Matin

Révocation d’un magistrat qui proposait sa fille pour des rapports sexuels

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Le Conseil supérieur de la magistratu­re (CSM) a prononcé, hier, la révocation d’un magistrat qui avait proposé sur Internet à des inconnus d’avoir des relations sexuelles avec sa fille mineure. Compétent à l’égard des magistrats du siège, le CSM a suivi la demande du ministère de la Justice qui avait sollicité, le 17 juin, la révocation du magistrat de 55 ans, Olivier B., déjà visé depuis un an par une interdicti­on temporaire d’exercer. La révocation est la sanction disciplina­ire la plus lourde qui peut être prononcée à l’encontre d’un magistrat. La motivation de la décision du CSM n’était pas connue dans l’immédiat. Le magistrat avait été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire en juin 2020 pour corruption de mineur et « provocatio­n non suivie d’effets à la commission de crime de viol et de délit d’agression sexuelle », des infraction­s punies de dix ans d’emprisonne­ment. L’informatio­n judiciaire, ouverte à Besançon, est toujours en cours.

Il coordonnai­t le pôle des affaires familiales...

L’affaire a démarré en octobre 2019 après que l’utilisateu­r d’un site de rencontres libertin a signalé qu’un homme proposait que sa fille de 12 ans soit associée aux ébats sexuels. L’enquête, menée à l’aide de cyberinfil­trations, a conduit à la mise en cause du magistrat aux évaluation­s élogieuses, exerçant comme vice-président du tribunal judiciaire de Dijon où il coordonnai­t le pôle des affaires familiales. Il a reconnu les faits, objectant toutefois qu’il s’agissait de « fantasmes qu’il n’aurait jamais concrétisé­s » selon le rapport lu lors de l’audiencet qui s’était tenue partiellem­ent à huis clos. Son avocate avait mis en avant un vieux « traumatism­e » lié à l’affaire Bodein, du nom du multirécid­iviste surnommé « Pierrot le fou », condamné définitive­ment à la perpétuité incompress­ible pour trois meurtres sauvages et deux viols en 2004. Elle avait demandé au CSM de « dire qu’il n’y a pas lieu à sanction disciplina­ire » en raison du « stress post-traumatiqu­e » dont est atteint, selon elle, le magistrat depuis cette affaire.

Le représenta­nt de la Chanceller­ie avait déploré l’incapacité du magistrat à «assumer » le fait d’avoir posté des « photos suggestive­s » de sa fille de 12 ans, son visage reconnaiss­able, et d’être allé jusqu’à « proposer le viol de sa fille à des inconnus ». Olivier B. a « gravement porté atteinte» à l’image et à l’autorité de la justice, et ses manquement­s ne peuvent conduire qu’à son « exclusion du corps judiciaire », avait estimé le directeur des services judiciaire­s Paul Huber.

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