Beauvau de la sécurité : «ilyaurgenceàagir!»
Le sénateur azuréen Henri Leroy et le maire de Saint-Raphaël Frédéric Masquelier livrent leurs regards sur les tables rondes auxquelles ils participent. Sans illusion, mais avec de vrais espoirs
L «e Beauvau de la sécurité ? Une opération de communication qui permet de reporter de plusieurs mois le traitement d’une question brûlante. » Sourire aux lèvres, Henri Leroy ne se fait « aucune illusion » sur le processus auquel il a accepté de participer. « Rappelez-vous le mot de Charles Pasqua, grince le sénateur LR. En politique, les propositions n’engagent que ceux qui les écoutent. »
L’ancien maire de Mandelieu-laNapoule, près de Cannes, revendique pourtant la paternité du projet. « Le 1er juillet dernier, à l’issue de ce fiasco qu’a été le Ségur de la santé, j’ai réclamé au gouvernement un Beauvau de la sécurité. À l’époque, l’idée a suscité des remarques ironiques. »
L’ancien officier de gendarmerie, pourtant, en est convaincu : «Ily a urgence à agir. Les remontées du terrain sont inquiétantes. Les forces de l’ordre perdent leurs repères. Elles n’ont pas les moyens de répondre aux exigences de leur hiérarchie. Pire que cela, elles ne se sentent pas soutenues. »
Une batterie de propositions
Depuis février, aux côtés notamment de son voisin raphaëlois, il a participé aux six premières tables rondes. « Les échanges sont constructifs, reconnaît-il. Même si, en trois ou quatre heures, il est difficile de faire le tour de questions aussi complexes. Mais on sent, de part et d’autre, une vraie volonté de faire avancer le débat. »
Un enthousiasme aussitôt tempéré par une pointe de fiel : « J’ai parfois l’impression que nous bâtissons le programme du candidat Macron
« Les forces de l’ordre ne se sentent pas soutenues », insiste le sénateur Leroy.
pour 2022. La Loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Loppsi 2) verra-t-elle le jour avant la fin de ce quinquennat ? Je n’en sais rien. La réalité, c’est que ce gouvernement n’a pas mené une seule des réformes prévues ! Alors que le Parlement n’a jamais cessé de travailler. »
Lui, sur chaque point à l’ordre du jour, est arrivé avec une batterie de propositions nées de ses rencontres « avec les acteurs de la sécurité, des plus haut gradés aux agents de terrain. »
Comme Frédéric Masquelier, il préconise notamment de « renforcer les synergies d’information » et « les liens entre la police municipale et les forces régaliennes de sécurité. »
« Cet Himalaya qui se nomme bureaucratie »
Au nom de la majorité sénatoriale, il propose « d’accentuer la présence des policiers et des gendarmes sur la voie publique » ,de « renforcer la transparence sur les procédures de mutation et d’avancement », de privilégier les « approches qualitatives plutôt que quantitatives. »
En creux, insiste-t-il, il s’agit de répondre aux attentes d’un corps qui représente 7,5 % de la fonction publique mais qui est visé par la moitié des sanctions. Il conclut en dodelinant : « Même s’il y a des approches différentes, tout le monde dresse sensiblement le même constat. Je ne doute même pas de la volonté du ministre : le souci, c’est ce qu’il y a derrière. Cet Himalaya qui se nomme bureaucratie ou administration, et qui gangrène toutes les évolutions possibles. Cependant, je garde l’espoir d’une issue possible. »