Monaco-Matin

Nos enfants prennent trop de médicament­s !

Une étude publiée lundi tire la sonnette d’alarme : nos chères têtes blondes se voient prescrire bien davantage de médicament­s que dans le reste du monde. Un constat plutôt préoccupan­t.

-

La France est un des pays les plus prescripte­urs de médicament­s en pédiatrie ambulatoir­e » (c’est-à-dire hors hôpital), même s’il faut être prudent dans ces comparaiso­ns car « les systèmes de santé et les politiques de remboursem­ent des médicament­s diffèrent entre les pays », a souligné, lundi, dans un communiqué l’institut de recherche Inserm.

Or, « les enfants les plus jeunes sont particuliè­rement vulnérable­s aux effets indésirabl­es à court et à long termes des médicament­s. De plus, le profil de sécurité [éventuels risques et effets indésirabl­es, ndlr] de nombreux médicament­s utilisés en pédiatrie n’est que partiellem­ent connu », ajoute l’Inserm.

 % des moins de  ans concernés sur une année

« Ces résultats préoccupan­ts nécessiten­t des analyses détaillées pour mieux cibler les futures campagnes de formation afin d’optimiser l’usage des médicament­s en pédiatrie, estime la coauteure de l’étude, la Dr Marion Taine. Une meilleure informatio­n de la population et des prescripte­urs vis-à-vis de l’usage des médicament­s chez l’enfant est indispensa­ble ».

Publiée dans la revue The Lancet Regional Health Europe, cette étude se penche sur ce type de prescripti­ons en 2018-2019, comparativ­ement à 2010-2011, sur la base des données de remboursem­ent par la Sécurité sociale. Elle porte sur les médicament­s remboursés prescrits aux moins de 18 ans, hors hospitalis­ations, par un médecin, une sage-femme ou un dentiste. Au total, pour 20182019, plus de 230 millions de dispensati­ons de médicament­s ont été analysées.

Sur cette période, « en moyenne, 86 enfants de moins de 18 ans sur 100 ont été exposés à au moins une prescripti­on médicament­euse au cours d’une année, soit une augmentati­on de 4 % par rapport à 2010-2011 », selon l’Inserm.

« Les enfants de moins de six ans représenta­ient la catégorie des enfants la plus exposée aux médicament­s avec plus de 97 enfants sur 100 concernés sur une année », poursuit l’Inserm.

En outre, « un enfant de moins de 6 ans sur trois a reçu une prescripti­on de corticoïde­s oraux » , un niveau stable depuis 2010-2011 « malgré les effets indésirabl­es connus ».

Analgésiqu­es antibiotiq­ues, corticoïde­s

Les familles de médicament­s les plus prescrites sont les analgésiqu­es (64 % des mineurs en ont eu), les antibiotiq­ues (40 %), les corticoïde­s par voie nasale (33 %), la vitamine D (30 %), les anti-inflammato­ires non stéroïdien­s (24 %), les antihistam­iniques (25 %) et les corticoïde­s par voie orale (21 %). Conforméme­nt aux recommanda­tions officielle­s, l’étude note «une diminution de 12 % de la fréquence de prescripti­ons d’antibiotiq­ues sur les dix dernières années ». Mais cela reste « insuffisan­t, car plus d’un enfant de moins de 6 ans sur deux a reçu une prescripti­on d’antibiotiq­ue dans l’année », selon la Dr Taine.

 à  fois plus qu’aux États-Unis ou en Norvège

Les chercheurs estiment que «ces niveaux élevés de prescripti­ons pourraient s’expliquer notamment par l’image positive qui est associée aux médicament­s en France. Dans les autres pays à économie avancée, il existerait un rapport plus conscient de la balance bénéfice-risque des médicament­s ». Ainsi, « les fréquences de prescripti­ons de corticoïde­s par voie orale pour les enfants français étaient [respective­ment] 5 et 20 fois plus élevées que celles observées par exemple pour des enfants américains et norvégiens, dans d’autres études réalisées récemment ».

 ?? (PhotoAFP) ?? Selon l’étude, «  enfants de moins de  ans sur  ont été exposés à au moins une prescripti­on médicament­euse au cours d’une année ».
(PhotoAFP) Selon l’étude, «  enfants de moins de  ans sur  ont été exposés à au moins une prescripti­on médicament­euse au cours d’une année ».

Newspapers in French

Newspapers from Monaco