Monaco-Matin

Galtier : « Pas là pour

Pendant plus d’une heure, le nouvel entraîneur du Gym a exposé sa méthode, ses attentes et son rapport à un club qui lui « a parlé ». Avec lui, la feuille de route est tracée.

- Entretien réalisé par Philippe CAMPS, William HUMBERSET et Vincent MENICHINI Photos : Frantz BOUTON

Coach, racontez-nous la genèse de votre signature à Nice...

Avant toute chose, j’avais en tête ce que représente l’OGC Nice dans le paysage du football français, son histoire, ses infrastruc­tures, son stade magnifique pour jouer des matchs de Coupe d’Europe. Il y a ses supporters, avec une vraie identité et une vraie passion. J’ai toujours eu des rapports très cordiaux avec Jean-Pierre Rivère. Il y a la présence de Julien (Fournier) que je connais depuis très longtemps. Et puis, il y a Monsieur Jim Ratcliffe, le groupe Ineos. Je l’ai rencontré le er juin, à Monaco, il y avait également Bob, Jean-Pierre et Julien.

Votre choix a été rapide ensuite ?

Celui de quitter Lille avait été effectué depuis très longtemps. Je me suis alors demandé si je pouvais avoir le même parcours à Nice. Il y a des attentes, un projet qui démarre. Ce n’est jamais linéaire, j’ai connu ça au Losc. Nice, ça me parlait, mais je ne viens pas là parce qu’il y a le soleil, la plage, ni pour me rapprocher de la famille.

C’est un coup de coeur ?

Un endroit qui devrait me correspond­re par rapport à ce que j’aime dans le travail et des émotions que j’aime partager.

Le socle familial est essentiel dans vos choix ?

(Direct) Oui. Il y a mon épouse, qui est très importante, et mes trois garçons. L’aîné est agent, le deuxième est adjoint à l’AC Ajaccio, le e est dans la restaurati­on au cap Ferret. Quand j’ai des décisions à prendre, je les fais parler et j'enregistre les pour et les contre. Nice, ce n'est pas un choix pour la région. Mes proches savent ce dont j'ai besoin, j'ai envie. Pour l’anecdote, ma femme avait demandé à chacun de mettre dans une enveloppe le choix qu’ils feraient pour la suite de ma carrière. On les a ouvertes quand j’ai choisi Nice.

La majorité de mes proches avait fait le même choix, dont mon épouse.

Pourquoi votre signature a été si longue à se dessiner ?

Il y a eu beaucoup de rumeurs, beaucoup de désinforma­tion sur le montant des salaires, les prises de contact, etc. Mais je ne perds plus d’énergie à combattre ça. La société est ainsi. Si ça a été long, c’est parce qu’à Lille, on n’a pas accepté mon choix. On a pensé que la Ligue des champions allait changer la donne. Mais ma position était claire bien avant les contacts avec Nice. Je ne voulais pas faire une saison de plus au Losc. J’aurais préféré que ça se termine différemme­nt.

Certaines personnes vous ont-elles déçu ?

On a eu un parcours extraordin­aire, j’ai fait mon métier du mieux possible. J’ai pris beaucoup de plaisir, malgré de vraies difficulté­s. On a connu une très belle réussite, elle ne m’appartient pas, c’est celle des joueurs, d’un staff uni. Suis-je déçu ? Je vais la faire courte, j’ai lu leur communiqué... Cela reflète l’état d’esprit de certains. Il a peut-être pensé qu’il était champion de France ou que c’était grâce à lui (Il marque une pause). J’ai bien dit

« il » et il faut écrire « il » (il parle d’Olivier Létang, le président du Losc).

Avez-vous été meurtri de passer pour un mercenaire ?

A bientôt  ans, j’ai encore appris des choses sur la vie. Je pensais que l’honnêteté allait faire en sorte que ça se passe mieux. C’est une belle leçon.

Pourquoi n’avez-vous pas franchi le pas de l’étranger ?

J’ai eu des contacts, des réunions de travail. J’ai longtemps eu envie de découvrir autre chose. Mais, finalement, je me suis rendu compte qu’on était très bien en France. J’ai pu lire que c’était un manque d’ambition. Non, je suis bien en France, j’aime mon pays, mon championna­t, qui peut s’améliorer.

C’est également votre cas ?

On progresse tout le temps, à tout âge. Changer d’environnem­ent permet de se remettre en question. On ne part pas de zéro, ici. Le choix le plus facile aurait été de rester à Lille. Mais, vous savez, j’ai failli ne pas repartir après la trêve hivernale au Losc.

On a l’impression que vous auriez déjà pu venir par le passé à l’OGC Nice ?

Il y a eu une rumeur, je me souviens. J’avais assisté à Toulouse-Nice, lorsque Lucien (Favre) était en difficulté (-). C’est lui qui gagne le match ce jour-là, à dix contre onze, avec des changement­s incroyable­s. J’étais en tribunes parce qu’un de mes enfants vivait à Toulouse, et une rumeur est partie de là. J’ai appelé Jean-Pierre Rivère pour lui demander le numéro de Lucien, je voulais lui expliquer qu’il n’y avait eu aucune prise de contact, que tout ce qui avait été écrit était complèteme­nt faux. J’étais gêné vis-à-vis de Lucien, j'ai beaucoup de respect pour les entraîneur­s en place. Peu importe ce que les gens peuvent me faire, je ne fais pas partie de ceux qui profitent de certaines situations.

Nice, ça évoque quoi pour vous ?

Je vais découvrir cette ville, je ne la connais pas bien. Je suis parti du Sud depuis très longtemps. Je vais régulièrem­ent dans le Var. Le monde entier vient à Nice, c’est bien qu’il y a quelque chose de spécial ici. Je suis allé dans le Vieux-Nice, il y a une âme, une histoire. Ce n’est pas bling-bling.

Nice, c’était aussi le stade du Ray...

Une vraie ambiance méditerran­éenne, un public qui pousse, tout près de la pelouse. Les Nice-OM étaient bouillants. Les fans du Gym sont un atout. C’est une chance d’avoir une telle ferveur.

Vous avez toujours partagé vos émotions avec les fans...

J’essaie de me maîtriser mais une saison c’est une aventure humaine. Parfois, tes émotions prennent le dessus et il ne faut pas se retenir. A Lyon, j’ai fait une galipette arrière, c’était une victoire incroyable. Les joueurs m’ont chambré par la suite (rires).

Vous aviez eu des mots réconforta­nts envers les Niçois après l’attentat de Notre-Dame...

Je me souviens... Un de mes enfants était à Nice le  juillet  lors du premier attentat, fort heureuseme­nt pas sur la Promenade. Les enfants de Thierry (Oleksiak) habitent ici. J’étais dans ma chambre d’hôtel et j’avais passé la journée à regarder les images sur cette terrible nouvelle. Comment ne pas être touché ? Comment ne pas être en colère après des événements comme ça ?

‘‘ Je suis bien en France, j’aime mon pays.”

‘‘ Il a peut-être pensé qu’il était champion de France ou que c’était grâce à lui”

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