Monaco-Matin

Titane, palme choc

Âmes sensibles s’abstenir ! Hier soir, avec Titane, le jury a laissé rentrer les monstres dans le Grand Auditorium Lumière. Une Palme d’or que les moins de seize ans ne pourront pas connaître…

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Des couics, des couacs et des claques. Doria Tillier, maîtresse d’une cérémonie chahutée par l’intempéran­ce de Spike Lee, n’a pas bullé. Courant dans sa « robe Malabar » (rose bonbon, donc) vers le président du jury qui menaçait de dévoiler son palmarès de façon assez prématurée. Leos Carax absent, mal aux dents, déléguant les Sparks pour lui rapporter le Prix de la mise en scène qui venait de lui être décerné. Et le Texan Caleb Landry Jones, 31 ans, se giflant par trois fois en recevant, incrédule, le Prix d’interpréta­tion masculine. Passé le mauvais temps, l’exMiss Météo de Canal+ a sauvé le protocole à grandes enjambées. Depuis la récompense pour le court-métrage de Tang Yi, robe couleur or et baskets tout confort, jusqu’à la Palme d’or de Julia Ducournau. Solide, mais pas légère dans le propos, la réalisatri­ce de Titane. Qui n’est guère du genre à signer un film « sous la pression du boxoffice et des algorithme­s » ,de ceux que réprouve Oliver Stone. « On dit du mien qu’il est monstrueux ? La monstruosi­té, c’est une arme et une force pour repousser la normativit­é qui nous enferme et nous sépare. » Appelant de ses voeux «un monde plus inclusif et plus fluide », la grande gagnante de cette 74e édition rejoint Jane Campion dans la liste des femmes auréolées du trophée. Elles sont deux. Auparavant, exhortatio­n du réalisateu­r thaïlandai­s de Memoria au gouverneme­nt de Bogotá. Apichatpon­g a tourné dans la jungle colombienn­e, et déplore les ravages qu’y a fait la Covid : «Réveillez-vous. Et travaillez pour votre peuple ! »

Plus consensuel, l’hommage très latin de Paolo Sorrentino à Marco Bellocchio, qui lui répond en italien. Louant au passage le regretté et « grandissim­o » Michel Piccoli. En français, à peu près, Adèle Exarchopou­los, héroïne de Rien à foutre , est en panique : « J’suis trop heureuse d’être là. Mais j’suis timide. Doria, il faut que tu m’aides ! »

Une actrice en stress, des juré(e)s en strass, Spike Lee arc-en-ciel, Tahar Rahim immaculé. Et Mylène sculptural­e. Un dernier entrechat après l’escalade des prix. Elle a raté l’aïoli, mais a réussi sa sortie.

« Merci au jury de laisser entrer les monstres. Pour un monde plus inclusif et plus fluide. »

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 ?? (Photo Lapoirie / Botella) ?? Une soirée foutraque, à l’image d’un Spike Lee palme de l’originalit­é.
(Photo Lapoirie / Botella) Une soirée foutraque, à l’image d’un Spike Lee palme de l’originalit­é.

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