Trois morts dans l’incendie d’un immeuble à Marseille
Ils ont tenté de s’échapper par les fenêtres de ce bâtiment squatté, situé dans une cité HLM du 14e arrondissement rongée par le trafic de drogue. La piste criminelle est privilégiée.
Trois morts et douze blessés, dont deux « en urgence absolue » et un tout-petit. C’est le lourd bilan de l’incendie s’étant déclaré à l’aube, hier, dans un immeuble squatté d’un quartier en déshérence du 14e arrondissement de Marseille. Les faits se sont produits peu après 5 heures dans la tour A2 de la cité HLM « Les Flamants », a rapporté le média en ligne indépendant Marsactu.
Comme le reste de ce grand bâtiment d’une dizaine d’étages en forme de tripode, cette aile était largement squattée par des migrants nigérians : l’immeuble, qui devait être détruit, n’abritait plus que 14 locataires légaux, dont un seul dans la partie incendiée.
Deux départs de feu
Si la piste accidentelle était privilégiée à l’origine, ce n’était finalement plus le cas hier soir. « Nous avons au moins l’existence de deux départs de feu, l’un au sixième étage, l’autre dans la cage d’escalier. Ce qui nous fait partir sur une piste criminelle », a déclaré Dominique Laurens, procureure de la République de Marseille. L’incendie s’est rapidement propagé par les gaines techniques. Mais il n’a pas atteint les appartements, où la fumée n’aurait même pas pénétré, selon le parquet. Les victimes auraient donc « totalement paniqué » en voyant que la cage d’escalier était inutilisable. Prévenus à 5 h 23, les marins-pompiers sont arrivés en six minutes. Mais trop tard pour éviter la mort de trois Nigérians âgés de 20 à 30 ans qui, comme deux autres qui ont dû être hospitalisés en urgence absolue, ont tenté de s’échapper par les fenêtres à l’aide d’une corde improvisée à base de draps depuis le 8e étage, à une vingtaine de mètres de haut.
Tensions entre Nigérians et dealers
Un enfant de deux ans se trouvait lui aussi dans un état grave, sans qu’il semble très clair si cela était dû à des brûlures ou s’il se trouvait dans les bras d’une des personnes ayant tenté de s’échapper. Neuf autres personnes ont été plus légèrement blessées. L’incendie a été rapidement circonscrit, mais au drame a succédé la colère. Au pied de l’immeuble, des dizaines de Nigérians s’emportaient contre les dealers, qu’ils accusent d’être à l’origine du sinistre.
« C’est une rumeur, maintenant il faut l’objectiver par des témoignages » , a tempéré la procureure de la République, qui a appelé au calme face à une situation « extrêmement tendue ». Tout en reconnaissant que dans la cage d’escalier du bâtiment, les tarifs des stupéfiants sont inscrits sur les murs. «Ily a un point de deal notoire ici et des tensions entre les habitants et les trafiquants » ,a renchéri la préfète de police, Frédérique Camilleri, venue sur les lieux. Dans l’immédiat, face à ce drame qualifié de « terrible » par le maire Benoît Payan, la municipalité a pris en charge 91 personnes, dont 28 femmes et 27 enfants, qui ont été conduites dans deux gymnases pour une mise à l’abri d’urgence. Et a appelé l’État « à proposer un hébergement digne à toutes les personnes sinistrées ».
Les investigations ont été confiées à la brigade criminelle de la police judiciaire.