Du sursis pour un gardien aux drôles de méthodes
Tribunal correctionnel Un concierge, criblé de dettes, profitait de l’absence d’un riche résident pour voler facilement montre et formules ce chèque dans l’appartement. Il a été licencié.
Il est déconseillé de suivre les arguments du prévenu détaillés devant le tribunal correctionnel. Sans s’embarrasser de préjugés, un Roquebrunois tirait profit de drôles de méthodes pour éviter son surendettement.
Dans l’incapacité de rembourser ses crédits, il volait d’une manière osée. Concierge au « Parc SaintRoman », il utilisait une clé déposée par un riche propriétaire pour visiter son appartement pendant son absence. Entre les mois de mai et juin dernier, il dérobait une montre « Panerai » à 20 000 euros et deux formules de chèques d’un compte sur la CMB.
Sans scrupule, le gardien s’adressait ensuite à un marchand pour échanger la pièce d’horlogerie « reçue en cadeau » contre 8 500 euros.
Surpris une seconde fois par le propriétaire
Mieux encore, il photographiait un document du détenteur du compte afin de contrefaire la signature. Assez réussi semble-t-il ! Un premier chèque, d’une somme de 67 100 euros, était débité des avoirs du titulaire pour bénéficier au falsificateur.
Le procédé étant juteux, il recommençait quatre jours plus tard avec un montant de 68 150 euros. Mis à l’encaissement, le banquier, prudent, avertissait son client sur autant de retraits d’argent. Une plainte était déposée. Avec son nom comme destinataire des fonds, l’aigrefin atterrissait facilement dans la nasse des enquêteurs.
Trêve d’arguties ! À la barre, le prévenu est repentant. Il reconnaît les faits. « J’étais pris à la gorge financièrement. Alors j’ai fouillé dans l’appartement pour trouver des sous, des bijoux. J’avais trop de crédits à rembourser… Je ne sais pas ce qui m’est passé par la tête. »
Le plaignant évoque une seconde visite en catimini, surpris de se retrouver face à face avec le concierge. « C’est grave ! Je suis choqué de la part d’un employé qui avait pour mission de protéger la résidence. »
Réaction logique du président Jérôme Fougeras Lavergnolle : « Vous pénétriez pour voler encore une fois ? » Non, cet individu de 27 ans affirme être revenu pour s’excuser. Moue sceptique du magistrat…
Sentiment de trahison
Voix de la partie civile, Me Christophe Ballerio confirme le choix de son client, établi à Monaco depuis vingt ans. « Une des raisons principales était la sécurité. Or, il s’agit d’un cambriolage sans effraction suivi d’une fouille minutieuse. Il y a de quoi s’étonner quand l’immeuble dispose de mesures de gardiennage 24 heures sur 24 pour une centaine de résidents. »
L’avocat insiste sur un sentiment de trahison ressenti avant d’annoncer ses demandes chiffrées : la restitution de la montre, 360 euros pour le changement de serrure, et une partie pour sa note d’honoraires. Soit un préjudice global de 5 000 euros.
Après un rappel des faits circonstanciés, le premier substitut Julien Pronier, base ses réquisitions sur la confiance trahie et des faits réalisés de manière imprudente par un amateur. « On est dans une logique de l’appât du gain et une forme d’ambivalence sur les excuses. La seconde visite pose question. Monsieur venait-il pour exprimer des regrets ? Il déclarait aux enquêteurs être monté en sachant que le propriétaire était absent… Heureusement, il s’est fait interpeller. Pour enraciner ce passage dans son esprit, il faut une épée de Damoclès : six mois avec sursis. »
Le tribunal aggravera le poids de l’arme judiciaire : un an avec sursis et le versement de 5 000 euros à la partie civile.