« Ils sont morts le octobre »
« Au mois de janvier, la gendarmerie de Nice m’appelle pour me dire que le corps de ma maman a été retrouvé à Narbonne. On m’informe même qu’il faut que je le fasse rapatrier par un service de pompes funèbres. Là, ma femme me rappelle le coup de fil qu’elle avait passé aux gendarmes, mi-novembre, afin de leur demander si ce qu’elle avait lu dans le journal était vrai. Un article parlait d’une jambe retrouvée à Narbonne et d’un lien avec la tempête Alex. ‘‘Ça n’a rien à voir’’ avaient alors répondu les gendarmes, qui ne voulaient pas nous alerter, nous traumatiser. L’histoire nous revenait comme un boomerang. Le soir même, le procureur de Narbonne précisait que le corps de madame
Eric et son épouse Sabine.
Borello, n’était en fait qu’une jambe repêchée le novembre... Ça, nous l’avons appris par les réseaux sociaux. La nuit a été si douloureuse que mon épouse a failli appeler les pompiers. Que faire ? Rapatrier une jambe ? Ce fut une torture. J’étais KO. Détruit. J’ai fini chez le psy qui m’a mis sous antidépresseurs. Depuis, je suis angoissé dès que le téléphone sonne. Je suis terrorisé à l’idée qu’on m’annonce avoir retrouvé un pied ou un bras. Je ne veux plus ça. Ils ont mon ADN, je ne suis pas à l’abri d’un autre cauchemar. Il n’y a pas une belle façon de mourir. Mais là, c’est une souffrance. Ma maman est déclarée décédée le novembre. Mon papa le sera le octobre. C’est un détail, mais il me tourmente. Mes parents sont partis comme ils ont vécu, ensemble.
Ils sont morts le octobre . »