Monaco-Matin

Les regards de femmes se croisent aux Sablettes

Une nouvelle exposition vient de s’installer à la boutique éphémère de Menton. Elle met à l’honneur les femmes jusqu’au 15 septembre. Rencontre avec les artistes de Roquebrune.

- CÉLIA MALLECK cmalleck@nicematin.fr

Un hymne aux couleurs et aux rondeurs. La boutique éphémère de Menton accueille depuis jeudi dernier l’exposition « Regards de femmes ». Aux Sablettes, les artisans ont cédé la place à deux artistes Roquebruno­ises : Isabelle de Toytot et Salette Viana.

Isabelle est céramiste. Elle travaille la terre en observant ce qu’elle produit. « La céramique est un art ancestral. Peut-être le plus vieux du monde. Et comme on vit dans une époque où on cherche à revenir à l’essentiel. À se rapprocher de la nature. À préserver la terre qui est en danger. C’est un art qui a du sens. »

Il se ressent. « Les gens n’osent pas manipuler les oeuvres. Mais la céramique, il faut la toucher. »

C’est d’ailleurs ce qui l’avait poussé à suivre les cours de Stéphane Montalto. Et lancer sa propre associatio­n, Terre du Cap, en 2012, qui réunit une quinzaine de membres. Des peintres, sculpteurs, artistes plasticien­s et céramistes amateurs.

Panier de fruits colorés d’Isabelle De Toytot

Les fruits et légumes aux formes rondes l’inspirent.

« Les gens me connaissen­t pour les cerises, mais ils aiment aussi beaucoup les pommes qui sont le symbole de la vie, de l’amour. C’est ma collection préférée. Il y a un rapport avec l’existence dont on s’est éloignée et qu’il faut remettre en avant. »

Les couleurs sont d’ailleurs éclatantes. Rouge coquelicot, bleu ciel, jaune pétant.

« J’ai commencé par travailler le rouge. C’est une couleur très difficile à obtenir en céramique parce que, quand on la cuit, elle a tendance à devenir marron. »

Un travail récompensé, en 2014, à Cannes, par le prix du public Marina Picasso.

Isabelle De Toytot a pris le pli et s’est ensuite tournée vers l’horizon. « J’ai commencé à faire du

Regards de femmes : quand la peinture rencontre la céramique. Inédit ! Salette Viana expose pour la première fois son tableau « Champagne » qu’elle présentera au salon ArtF à Marseille en octobre. Et Isabelle De Toytot a voulu célébrer sa première expo aux Sablettes en créant une oeuvre en hommage aux citrons de Menton. Isabelle De Toytot a voulu célébrer sa première expo aux Sablettes en créant une oeuvre en hommage aux citrons de Menton.

bleu après un voyage en Grèce. » La couleur de la mer lui a inspiré des teintes. Du turquoise au bleu océan qui se superposen­t dans sa déclinaiso­n d’yeux grecs, talismans typiques du pays. Et se retrouvent dans les portraits de « nanas » de Salette Viana.

Portraits de « nanas » de Salette Viana

Salette expose depuis plus de 30 ans. « J’ai fait ma première exposition à Monaco en 1989 », se souvient la peintre installée à Roquebrune. Ses premiers tableaux étaient des paysages et des bouquets de fleurs qu’elle composait dans son ancien atelier à La Turbie. « Je ne sais plus comment c’est arrivé, mais un jour j’ai commencé à faire des portraits de femmes. Je m’inspirais des mannequins sur les couverture­s de magazine, des amies de ma fille, des musicienne­s que j’allais voir au Grimaldi forum de Monaco… Et ça a beaucoup plu. »

Les « nanas » de Salette Viana sont assez identiques. Avec leurs visages ovales gris-blanc scindés par un long nez, leurs yeux clairs, leurs bouches pulpeuses et leurs chevelures flamboyant­es. Elles ont quelque chose de tribal chic qui plaît en France et à l’étranger.

« Ça me fait plaisir de savoir que mes tableaux sont à Boston, à New York, à Rio, confie-t-elle. Après notre mort, il y a quelque chose qui reste, éparpillé aux quatre coins du monde. »

L’artiste est cotée. Elle participe à de nombreux salons d’art à Paris, ou encore Marseille où doit se dérouler le Art3F en octobre. Son travail a été récompensé de nombreuses fois. Lors d’un concours, une de ses oeuvres a notamment été sélectionn­ée en couverture de l’annuaire téléphoniq­ue de Monaco. En décembre 2019, elle a réalisé une oeuvre de 3 m x 3,5 m dans l’enceinte du Contempora­ry museum Pensasinan aux Philippine­s. « Je dois aussi faire une exposition à Singapour, mais j’attends la fin du Covid », confie-t-elle. Bref, Salette Viana ne s’ennuie pas. Et elle trouve même un peu de répit à exposer ses oeuvres à la boutique éphémère de Menton. « Là, on fait les choses tranquille­ment. C’est un bonheur et c’est à côté de la maison. »

C’est d’ailleurs la deuxième fois qu’elle y expose. « Je suis venue l’an dernier. C’est un endroit magnifique. Je suis revenue pour la beauté du cadre. »

Les deux Roquebruno­ises y resteront jusqu’au 15 septembre. Et accueiller­ont tous les jours le public de 10 heures à 12 h 30 et de 16 heures à 20 heures «Mais on fait un peu comme on le sent, avoue Salette. S’il y a du monde, on fermera plus tard. L’important, c’est que les gens viennent. »

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(Photos C. M.)
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