Monaco-Matin

Le RN pense avoir la preuve du grand « changement de population » à Nice

- ÉRIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr

Plutôt que d’employer la formule de l’écrivain Renaud Camus, théoricien du « grand remplaceme­nt », Philippe Vardon préfère parler de « changement de population ». Pour autant, l’idée est la même : « Nous assistons à un bouleverse­ment démographi­que qui est aussi un bouleverse­ment de civilisati­on. » Une assertion dans la droite ligne politique du chef de file du Rassemblem­ent national à Nice qui a tenu, vendredi, une conférence de presse à ce propos. Si ce n’est que Philippe Vardon pense désormais en détenir la preuve par le chiffre. Grâce à un document publié par France Stratégie, « l’ex-Haut commissari­at au Plan », rappelle-t-il. Tout sauf une officine d’extrême droite. Et pourtant cette étude recèlerait les clés «de l’avenir démographi­que de Nice ». Ni plus, ni moins.

« Des quartiers immigrés »

Le rapport, publié il y a déjà un an, porte en fait sur l’évolution de la ségrégatio­n démographi­que résidentie­lle. Mais il livre au passage des statistiqu­es quant à la part d’immigrés présents sur le territoire national. Philippe Vardon s’est, bien sûr, intéressé à Nice et aux cinquante communes avoisinant­es formant une unité urbaine homogène. Avec ses colistiers et collaborat­eurs, le conseiller municipal a relevé l’évolution du nombre d’étrangers extracommu­nautaires. Et elle aurait augmenté « de manière exponentie­lle à Nice » entre 1968 et 2017, passant 7 à 17 % pour les majeurs et même à 30 % pour les mineurs.

« Plus particuliè­rement dans les quartiers HLM qui, selon Philippe Vardon, sont devenus des quartiers immigrés. Or ce n’est pas la vocation des logements sociaux. D’autant que 22 % des Niçois vivent en dessous du seuil de pauvreté… » Certes, il reconnaît ne pas avoir la répartitio­n entre natifs et immigrés, mais cela ne l’empêche pas de prôner « l’instaurati­on de la préférence nationale dans l’attributio­n des logements sociaux. »

De même, l’augmentati­on plus forte du taux d’immigrés à Nice par rapport au reste de l’unité urbaine niçoise permet à Philippe Vardon de conclure à « l’échec des politiques locales… même si elles n’ont pas la maîtrise des politiques migratoire­s. » En revanche, le conseiller municipal RN n’est pas allé vérifier si ce « tropisme » n’était pas en fait l’apanage de tous les grands centres urbains. Le site de France Stratégie permet pourtant des comparaiso­ns géographiq­ues en quelques clics. La part de majeurs étrangers (hors Europe) est en fait identique voire plus importante à Toulouse, Strasbourg, Montpellie­r ou dans certains arrondisse­ments lyonnais, qu’à Nice.

, % d’immigrés en 

Enfin, en poussant un peu plus loin les recherches, on peut encore trouver en ligne les chiffres du recensemen­t de la population de 1911. La part d’étrangers vivant à

Nice était alors de 27,4 % (39 215 pour 142 940 habitants). Certes, à l’époque l’immense majorité de ces immigrés étaient italiens. Mais à l’époque, l’Europe n’existait pas politiquem­ent, l’ennemi n° 1 de la France était l’Allemagne, avant que cette dernière ne s’allie avec l’Italie pour occuper Nice et les ressortiss­ants de la Botte n’étaient guère plus les bienvenus que les migrants extra-européens d’aujourd’hui. Vardon conteste la comparaiso­n : « Il est quand même plus facile d’assimiler 10 000 Italiens d’obédience catholique que 10 000 Tunisiens. De même qu’il est plus facile d’assimiler 10 000 Tunisiens que 10 000 Maliens ». Pas sûr qu’existent cette fois des statistiqu­es pour corroborer.

 ?? (Photo Cyril Dodergny) ?? Philippe Vardon, chef de l’opposition Rassemblem­ent national à Nice, a consacré, vendredi, une conférence de presse à l’immigratio­n sur la base d’une étude publiée l’an dernier.
(Photo Cyril Dodergny) Philippe Vardon, chef de l’opposition Rassemblem­ent national à Nice, a consacré, vendredi, une conférence de presse à l’immigratio­n sur la base d’une étude publiée l’an dernier.

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