Thierry Frémaux, à
Qu’est ce qui faisait la singularité de l’acteur Belmondo ?
Sa singularité...c’est qu’il était unique : un gouailleur séducteur, un charmeur voyou, un poète mélancolique. Un acteur capable d’être le Léon Morin de Melville et L’as des as d’Oury. C’était aussi une personnalité incomparable, comme Gabin, il avait une conversation magnifique et prenait soin de ses collègues comme de ses amis.
Quelle est son influence sur le cinéma ?
Son influence artistique est énorme, d’abord par les films qu’il a tournés et qui se sont faits grâce à lui. Mais ce qu’il a fait de son style a marqué profondément le cinéma, les autres acteurs. Il était de cette génération, avec Brigitte Bardot, Alain Delon, Jeanne Moreau, Catherine Deneuve, qui alternait les films d’auteur et le cinéma commercial, qui était adulée à l’étranger et dont s’est inspirée celle qui a suivi, celles des Depardieu, Huppert ou Auteuil.
Avec le Festival de Cannes, ce fut d’abord une relation à la « je t’aime, moi non plus » depuis l’accueil glacial réservé à Stavisky en . Jusqu’à la grande réconciliation, en forme de célébration, avec la palme d’honneur attribuée en .
Oui, il n’avait pas que des bons souvenirs sur la Croisette. Et lorsque je lui ai annoncé que nous souhaitions lui attribuer une Palme d’or d’honneur, il a d’abord refusé. Ça a pris quelques années pour qu’il accepte, mais du coup, ce fut un plaisir de le voir si souvent pour le convaincre ! Je me souviens d’un déjeuner où j’étais arrivé en me
Thierry Frémaux, délégué général du festival de Cannes.
disant : « S’il ne veut pas, je n’insiste plus et on passe à autre chose ! » Un quart d’heure plus tard, j’étais à nouveau sous le charme, prêt à attendre mille ans qu’il dise oui. Ce qu’il a fini par