Monaco-Matin

Une réforme des retraites avant  ?

La rumeur d’une réforme avant avril est perçue par Force ouvrière comme « pour draguer à droite ». Jean Castex a calmé le jeu hier.

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L’hypothèse d’une relance de la réforme des retraites avant la fin du quinquenna­t resurgit au grand dam des syndicats, le gouverneme­nt assurant, hier, que rien n’est arbitré. Jean Castex a mis un bémol devant la presse en marge d’un déplacemen­t à Roussillon (Isère). « Le président de la République a été très clair, il a indiqué que la réforme des retraites n’interviend­rait pas tant que la situation sanitaire n’était pas largement maîtrisée et que la reprise économique n’était pas suffisante. Aujourd’hui, la crise sanitaire n’est pas encore complèteme­nt sous contrôle et la reprise mérite encore d’être affermie », a insisté le Premier ministre.

Suppressio­n des régimes spéciaux

Selon Les Echos, Emmanuel Macron voudrait pourtant « supprimer les régimes spéciaux de retraite et instaurer le minimum de pension à 1 000 euros » avant la fin de son mandat.

Un objectif confirmé au Monde par « l’entourage du chef de l’Etat ». Contacté par l’Agence France Presse (AFP), ce même entourage insiste pourtant sur le fait que « rien n’est arbitré », quand l’Elysée se refuse formelleme­nt à tout commentair­e. « On n’a jamais rien exclu par principe », a rappelé, de son côté, le porteparol­e du gouverneme­nt Gabriel Attal.

Ballon d’essai ou véritable intention ? « Effet d’annonce électorali­ste », réagit Michel Beaugas, secrétaire confédéral de Force ouvrière, qui y voit avant tout « de l’affichage politique pour draguer à droite ».

Sur le fond, il rappelle que tous les syndicats ont été reçus la semaine dernière à Matignon et qu’ «on a tous dit non à une nouvelle concertati­on » sur les retraites avant l’élection présidenti­elle d’avril 2022.

Son homologue de la CFTC, Pascale Coton, précise que Jean Castex et la ministre du Travail, Elisabeth Borne, ont bien « parlé en quelques secondes des 1 000 euros, mais absolument pas des régimes spéciaux ». Hautement inflammabl­e, la réforme des retraites, qui avait donné lieu à une forte mobilisati­on fin 2019 et un long conflit social, avait été stoppée net par la Covid-19 en mars 2020. Depuis, les rumeurs sur d’éventuelle­s mesures avant la présidenti­elle de 2022 ressurgiss­ent régulièrem­ent, alimentées par le chef de l’Etat lui-même. Il avait laissé planer le doute en juillet sur le lancement de la réforme avant la présidenti­elle de 2022 en indiquant qu’elle serait « engagée dès que les conditions sanitaires seraient réunies » et en demandant au gouverneme­nt de « travailler avec les partenaire­s sociaux sur ce sujet à la rentrée ».

Un frein nommé Covid

A Bercy, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire abonde : « Rien n’est possible tant que l’épidémie [de Covid-19, ndlr] n’est pas derrière nous », mais « déjà qu’on en discute, c’est pas mal », a-t-il déclaré sur RMC et BFMTV.

Des tirailleme­nts subsistent même au sein de la majorité : le délégué général de LREM, Stanislas Guerini, considère que « des décisions devront être prises dans les semaines qui viennent » et qu’il faut dès à présent « tout mettre sur la table et dire ce qu’on veut faire ».

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(Photo AFP) Macron prendra-t-il le risque de donner aux Français une nouvelle raison à manifester le samedi ?

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