Présidentielle : premières certitudes
Les élections présidentielles depuis l’ont montré : les urnes réservent, en général, de grosses surprises et prennent souvent à contre-pied les pronostics faits des mois avant l’échéance. fut l’illustration la plus spectaculaire de ce constat récurrent. Nul ne peut donc dire aujourd’hui avec certitude ce qu’il adviendra au printemps. Certes, Emmanuel Macron et Marine Le Pen font la course en tête, mais le pays est devenu, plus que jamais, imprévisible comme le montre l’étude Harris-Interactive publiée cette semaine par l’hebdomadaire Challenges. Cette remarquable plongée dans la tête et le coeur des Français les montrent inquiets ( %) et en colère ( %) mais peu optimistes ( %). Si % d’entre eux s’estiment plutôt bien considérés, ils sont tout aussi nombreux à penser le contraire. Certes prêts à se mobiliser pour une cause (droits des femmes, soutien aux victimes des attentats, défense du climat, lutte contre le racisme), ils ne croient plus guère, en revanche, à la politique. Ils sont%à penser que la liberté est la première des valeurs à défendre mais ils ne la conjuguent plus avec la démocratie puisque % seulement en font leur priorité. Enfin, le repli sur soi devient une marque française : les valeurs familiales et individuelles triomphent tandis que tout ce qui contribue à l’intérêt général semble ébranlé.
Les aspirants élyséens devraient regarder cette enquête de près. Elle démontre qu’il y a une crise du rêve français. Le pays paraît ne plus savoir quel est son destin et ce qui le rassemble. Qui saura le réinventer ? Tel est peut-être la clé de la prochaine présidentielle plus que les propositions catégorielles sans cesse avancées par candidates et candidats potentiels.
La politique française est devenue un self-service électoral dans lequel les apprentis cuisiniers présidentiels proposent une multitude de plats pour séduire l’électeur. Pas de menu ambitieux qui fasse un projet compréhensible mais du à la carte tous azimuts qui ne dessine rien de la France de demain. Cette situation accroît les incertitudes du scrutin même si quelques données précises sont déjà acquises.
Difficile ainsi de croire qu’un représentant de la gauche puisse gagner. La gauche (Verts compris) souffre de deux maux : elle n’a plus de projet cohérent pour l’avenir et elle est divisée. Tous ses candidats réunis ne réunissent guère plus de % des suffrages et aucun d’entre eux n’est en position de parvenir au second tour tant les désaccords rendent impossible une candidature unique. La droite affiche, elle aussi, ses divisions mais les élections intermédiaires ont montré qu’elle est majoritaire dans le pays. Elle pourrait troubler le duel Macron/Le Pen si elle avait un seul champion. C’est sa seule chance. Saura-t-elle la saisir ?
Reste une hypothèse : comme en , l’invité de dernière heure. Mais qui ?
« Les valeurs familiales et individuelles triomphent tandis que tout ce qui contribue à l’intérêt général semble ébranlé. »