Monaco-Matin

Présidenti­elle : premières certitudes

- de DENIS JEAMBAR Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Les élections présidenti­elles depuis  l’ont montré : les urnes réservent, en général, de grosses surprises et prennent souvent à contre-pied les pronostics faits des mois avant l’échéance.  fut l’illustrati­on la plus spectacula­ire de ce constat récurrent. Nul ne peut donc dire aujourd’hui avec certitude ce qu’il adviendra au printemps. Certes, Emmanuel Macron et Marine Le Pen font la course en tête, mais le pays est devenu, plus que jamais, imprévisib­le comme le montre l’étude Harris-Interactiv­e publiée cette semaine par l’hebdomadai­re Challenges. Cette remarquabl­e plongée dans la tête et le coeur des Français les montrent inquiets ( %) et en colère ( %) mais peu optimistes ( %). Si  % d’entre eux s’estiment plutôt bien considérés, ils sont tout aussi nombreux à penser le contraire. Certes prêts à se mobiliser pour une cause (droits des femmes, soutien aux victimes des attentats, défense du climat, lutte contre le racisme), ils ne croient plus guère, en revanche, à la politique. Ils sont%à penser que la liberté est la première des valeurs à défendre mais ils ne la conjuguent plus avec la démocratie puisque  % seulement en font leur priorité. Enfin, le repli sur soi devient une marque française : les valeurs familiales et individuel­les triomphent tandis que tout ce qui contribue à l’intérêt général semble ébranlé.

Les aspirants élyséens devraient regarder cette enquête de près. Elle démontre qu’il y a une crise du rêve français. Le pays paraît ne plus savoir quel est son destin et ce qui le rassemble. Qui saura le réinventer ? Tel est peut-être la clé de la prochaine présidenti­elle plus que les propositio­ns catégoriel­les sans cesse avancées par candidates et candidats potentiels.

La politique française est devenue un self-service électoral dans lequel les apprentis cuisiniers présidenti­els proposent une multitude de plats pour séduire l’électeur. Pas de menu ambitieux qui fasse un projet compréhens­ible mais du à la carte tous azimuts qui ne dessine rien de la France de demain. Cette situation accroît les incertitud­es du scrutin même si quelques données précises sont déjà acquises.

Difficile ainsi de croire qu’un représenta­nt de la gauche puisse gagner. La gauche (Verts compris) souffre de deux maux : elle n’a plus de projet cohérent pour l’avenir et elle est divisée. Tous ses candidats réunis ne réunissent guère plus de  % des suffrages et aucun d’entre eux n’est en position de parvenir au second tour tant les désaccords rendent impossible une candidatur­e unique. La droite affiche, elle aussi, ses divisions mais les élections intermédia­ires ont montré qu’elle est majoritair­e dans le pays. Elle pourrait troubler le duel Macron/Le Pen si elle avait un seul champion. C’est sa seule chance. Saura-t-elle la saisir ?

Reste une hypothèse : comme en , l’invité de dernière heure. Mais qui ?

« Les valeurs familiales et individuel­les triomphent tandis que tout ce qui contribue à l’intérêt général semble ébranlé. »

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