Monaco-Matin

Télétravai­l : un far west à encadrer pour la CGT

Depuis le premier confinemen­t à cause de l’épidémie de Covid19, le travail à domicile s’enracine. Mais tout n’est pas rose...

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Les dangers du télétravai­l sur la santé des salariés, l’égalité hommes/femmes, le fonctionne­ment des collectifs de travail doivent inciter l’État et les entreprise­s à davantage de régulation, a réclamé lundi l’Ugict-CGT, en publiant sa deuxième enquête annuelle sur le sujet. Selon cette enquête réalisée en interrogea­nt en ligne 14 830 salariés du public et du privé, le « télétravai­l en mode dégradé du premier confinemen­t reste la norme », écrit le syndicat des cadres, ingénieurs et technicien­s CGT.

En 2021, le temps et la charge de travail ont augmenté pour 47 % des répondants ; et 60 % des employeurs n’ont pas mis en place de dispositif pour garantir le droit à la déconnexio­n (contre 78 % en 2020). Soixante-quinze pour cent d’entre eux n’évaluent ni la charge de travail ni le temps de travail des salariés en télétravai­l.

La séparation entre vie profession­nelle et vie personnell­e s’estompe, deux tiers des répondants déclarant recevoir des sollicitat­ions durant leurs périodes de congés, dont 10 % systématiq­uement.

Huit parents sur dix ont télétravai­llé tout en s’occupant de leurs enfants. Les femmes sont davantage concernées (25 % disent que cela a été fréquent, 20 % des hommes), et 61 % des femmes disent avoir dû assumer cette charge seules contre 31 % des hommes. Pourtant, elles ont moins de latitude pour adapter leurs horaires. « C’est la double peine en matière d’égalité femmes/hommes », note Sophie Binet, co-secrétaire générale de l’Ugict.

L’esprit d’équipe s’est dégradé

Les entreprise­s participen­t encore trop peu à la prise en charge de l’équipement de leurs salariés : seuls 10 % des répondants disposent d’un siège ergonomiqu­e financé par l’employeur, 40 % d’un écran adapté financé par l’employeur, si bien que 40 % des personnes interrogée­s se plaignent de troubles musculosqu­elettiques (TMS) ou de migraines oculaires.

Autre victime du télétravai­l, le collectif de travail : pour plus de la moitié des répondants, notamment les manageurs, l’esprit d’équipe s’est dégradé. Deux tiers disent avoir senti de l’isolement en télétravai­l. Près d’un sur cinq (19 %) présente un symptôme dépressif d’après l’échelle définie par l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS).

La pandémie « instrument­alisée »

Dans le même temps, quasiment un tiers souligne que leur entreprise a engagé une réorganisa­tion des lieux de travail (open space, flex office). « En un an, un tiers des employeurs ont eu le temps de réorganise­r les locaux pour faire des économies. On est dans une forme de stratégie du choc du télétravai­l : même en plein Covid, la priorité est toujours financière et la pandémie est instrument­alisée pour accélérer les réorganisa­tions », a fustigé Sophie Binet, dénonçant aussi une « forme de far west du télétravai­l ».

L’Ugict réclame une négociatio­n collective obligatoir­e avant la mise en place du télétravai­l, le maintien d’un principe de volontaria­t et de réversibil­ité, la prise en charge de l’ensemble des équipement­s et frais profession­nels et une participat­ion au loyer du salarié, un droit à la déconnexio­n et le maintien d’un poste de travail pour chacun.

L’Union exige également que le télétravai­l ne dépasse pas un mi-temps et que les organisati­ons syndicales puissent informer les salariés via leurs messagerie­s profession­nelles..

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(Photo AFP) Près de  % des salariés ont perdu la participat­ion de l’employeur aux frais de repas.

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