Les pompiers disent adieu à leurs frères
Hier en la cathédrale, un dernier hommage a été rendu à Matis Canavese et Stephan Hertier, deux sapeurs-pompiers de Monaco décédés hors service dans un accident de la route à Puget-Théniers.
Au pied de la cathédrale Notre-Dame-Immaculée de Monaco, une nuée de couronnes et gerbes de fleurs tapissent les marches. Douze sapeurs-pompiers de Monaco forment une haie d’honneur, immobiles, les visages marqués par la souffrance du deuil. Douze autres militaires gravissent ces mêmes escaliers, portant deux cercueils sur leurs épaules, puis fendent l’allée centrale jusqu’à l’autel. Là, où les portraits des deux défunts ont été installés.
Celui du sapeur Matis Canavese, 22 ans, et du sergent Stephan Hertier, 42 ans. Deux de leurs frères d’armes fauchés dans la fleur de l’âge par une voiture, le 31 août à PugetThéniers, lors d’une sortie à moto avec deux autres camarades (1).
Deux héros, au service d’autrui, partis rejoindre les cieux trop tôt. Hier matin, lors d’une poignante cérémonie d’obsèques (2), leurs proches, leurs collègues de casernes, les plus hautes autorités du pays, les institutionnels des Alpes-Maritimes et anonymes leur ont rendu un dernier hommage.
« Sentiment d’absurdité »
« Face aux deux cercueils de nos camarades, n’est-ce pas un sentiment d’impuissance, ou même d’absurdité, qui cherche à dominer nos esprits et nos âmes, questionne l’abbé Christian Venard, aumônier de la Force publique de Monaco, dans son homélie. Et que dire de ces mille et une questions qui taraudent nos esprits depuis des jours. »
Pourquoi eux ? Le sentiment d’injustice se lit sur bon nombre de visages qui peuplent cette cathédrale bondée.
« Les circonstances, les conséquences de l’accident sont terribles, injustes, et ne peuvent que soulever l’indignation et la colère, souligne le colonel Norbert Fassiaux, chef du corps des sapeurs-pompiers de Monaco. L’émotion est immense, la peine inconsolable, le vide insupportable. » D’autant plus pour un Corps déjà meurtri par la disparition brutale du sapeur David Eyermann, des suites d’une maladie.
« Le Corps ne vous oubliera pas »
Puis, le chef des soldats du feu monégasques a dépeint deux « professionnels passionnés et dévoués ».
Stephan Hertier, d’abord. Fils de sapeurpompier aux deux décennies de service. «Je t’ai vu grandir et jouer dans la cour de la caserne des Moneghetti. Tu étais particulièrement respectueux, très attaché à l’institution, à la Principauté, à ses traditions. Ton engagement, ta disponibilité, ton humeur constante faisait l’unanimité au sein de la caserne. Tu étais profondément altruiste », loue-t-il. Matis Canavese, ensuite. À 16 ans, il faisait ses armes comme sapeur-pompier volontaire à Carros avant de passer une année à Corte parmi l’Unité d’instruction et d’intervention de la sécurité civile. « Ta vocation était évidente. Tu nous as rejoints à 20 ans. Avec ce visage d’ange, tu avais la vie devant toi, toi le plus jeune de l’unité. Ta personnalité attachante, ta gentillesse, ta discrétion, ta modestie, ton humanité n’avaient que peu d’égal. » Et de conclure : « Le Corps des sapeurs-pompiers de Monaco ne vous oubliera pas. Bien au contraire, votre départ brutal, l’exemple que vous nous avez donné dans votre engagement, nous oblige à rester toujours plus fidèles à notre devise : Courage, dévouement et sacrifice. »
1. Eux s’en sont sortis indemnes. Le conducteur, lui, dort en prison dans l’attente de son jugement.
2. Elle était présidée par Mgr Guillaume Paris, vicaire général. L’archevêque Mgr David était à Rome en visite Ad Limina auprès du pape François.