Monaco-Matin

LE DERNIER SHOW DE JARRY BIENTÔT À CANNES

Installé sur la Côte d’Azur, l’humoriste joue son nouveau spectacle le 16 septembre à La Palestre : Titre, dans lequel ses confession­s intimes n’épargnent personne !

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr Le 16 septembre à 20h30 à La Palestre au Cannet. Tarifs : entre 33 et 38 euros. Rens. 04.93.46.48.88.

On le rencontre sur la terrasse du Yacht-club de Cannes, quasiment comme un poisson dans l’eau. Forcément ! Non pas qu’il se prenne pour la petite sirène, même s’il a déjà incarné la princesse au bois dormant. Mais Jarry entretient une double proximité avec ce décor aquatique, qui ne doit rien à la gymnastiqu­e de nos zygomatiqu­es. Non seulement le confinemen­t l’a conduit à s’amarrer sur nos rivages méditerran­éens plutôt que se laisser couler dans le métro parisien. Mais ici, l’humoriste peut se plonger à corps perdu (pour la science ?) dans sa passion des fonds sous-marins. Car celui qui s’est déjà déguisé en poulet pour le petit écran ne rechigne jamais à enfiler la combinaiso­n de l’homme-grenouille. « J’ai mon Master dive, revendique fièrement l’intéressé, pieds palmés pour jouer au foot, mais bien utiles pour explorer la baie. Son associatio­n – NaturDive – s’emploie aussi à préserver le milieu maritime.

Cette région réunit tout ce que j’aime. La mer, mais aussi la montagne, même si je suis une sombre m... en ski ! »

Qu’importe. Sur scène, ce drôle de zig (zag) ne craint pas de s’aventurer sur des pentes glissantes. Tout schuss pour la vanne, pourvu que le rire fasse boule de neige. La religion, Daesh, la maladie, sa mère, le droit à l’avortement, mais aussi le zéro de conduite des automobili­stes azuréens. « Non seulement ils conduisent mal, mais en plus ils t’engueulent ! »

Jarry n’épargne rien ni personne. À commencer par lui-même. « Moi, j’estime qu’on peut rire de tout, avec tout le monde ! L’important, ce n’est pas ce qu’on dit, mais l’intention qu’on y met derrière. Quand je cartonne les gens, ils m’en redemanden­t, et parfois, ça peut aller loin ! », constate avec délectatio­n celui qui se montre hilarant, parfois exubérant, mais jamais vraiment méchant. Pro de l’impro

« Au départ, j’étais juste le PD de la télé. Maintenant, je suis l’ami et gendre idéal. Je suis un artiste qui n’est jamais agressé dans la rue. Si, des fois, des catholique­s me regardent bizarremen­t, mais quand on voit ce qui se passe dans leurs églises... » Son nouveau show s’intitule tout simplement... Titre ! Explicatio­n ?

« Depuis que j’ai débuté dans ce métier, on a toujours voulu me mettre dans une case, comme avec Atypique [son premier seul en scène qui a cartonné, ndlr] et j’en avais un peu marre. Ce spectacle fait la part belle à l’impro, ce qui le rend différent chaque soir, on peut donc lui donner un nouveau titre chaque soir ! »

Voilà pour le prosaïque et les chastes oreilles. Mais une version parallèle fait aussi référence à ce jeu, où l’on doit deviner le titre d’un film dont l’intérêt réside moins dans la pudeur des acteurs que dans leur talent orgasmique. « Quoi, tu n’as jamais joué à ça ? Par exemple, je te dis Fabienne va prendre cher ce soir, et je te demande : Titre ? » (rires)

Bon, sur ce couplà, on n’a pas trouvé. Manque de cul-ture sans doute. Mais ce sera aux spectateur­s de jouer. Ou de jouir (du spectacle, allons !). Que les parents se rassurent, le show n’est pas classé X. C’est plutôt tout, tout, tout, vous saurez tout sur le Jarry. Car ce dernier avait envie de se raconter aussi. Révéler davantage son parcours et son identité. L’histoire d’un fils de vigneron dans un village perdu près d’Angers, qui rêvait de scène Capitale quand d’autres vont à la chasse. « Quand je suis arrivé à Paris, j’étais comme un Indien dans la ville. J’ai vécu onze ans dans un petit 9 m2 à devenir le roi des pâtes au thon

avant de connaître un succès tardif, à force de travail. »

Un Jarry déluré, à l’homosexual­ité pleinement assumée (pour tomber grossièrem­ent dans les clichés de genre : il a stoppé les cours de judo pour les arabesques de danse), que la paternité a apaisé. Papa gâteau et comblé de jumeaux, même s’il a fallu en passer par la GPA (Gestion par autrui) made in USA. Un festival populaire

« En France, les mentalités évoluent à ce sujet, mais la GPA doit être encadrée par un long processus, avec passage devant un juge et un pédopsychi­atre, pour que ce ne soit pas seulement un caprice, précise-t-il. Quand j’ai découvert mon homosexual­ité, j’ai toujours voulu être papa. Me voilà avec deux bouts en train à la maison (âgés de 5 ans) qui me font mourir de rire. On mérite tous d’avoir une petite tête qui passe la porte pour te dire : papa, je t’aime. »

D’où son positionne­ment en faveur d’une réforme de l’adoption en France. Et une BD mettant en scène

Vic et Tim, aux parents homos. Toujours sans s’enfermer dans les cases ! Anti bling-bling malgré sa proximité avec la Croisette, Jarry se veut surtout proche des gens. Entend y créer un festival d’humour populaire, drôle sans être communauta­ire (n’est ce pas Jamel...). « Tout le monde ne peut pas être tapis rouge et paillettes, ni débourser 30 à 40 € pour un spectacle », assène celui qui affirme rouler en Clio. Faut quand même pas Jarryer !

« Au départ, j’étais juste le PD de la télé. Maintenant, je suis l’ami et gendre idéal »

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(Photo Sébastien Botella) Jarry se sent si bien depuis son installati­on aux environs de Cannes, qu’il souhaite y créer un festival d’humour populaire et accessible à tous.

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